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LIVRE II, CHAP. VII


au loin. Les rois qui se disputent la Macédoine les armes à la main, s’entendent volontiers pour aider et éloigner à la fois un dangereux rival ; et, quant à ses fidèles compagnons de guerre, il est sûr d’eux ; il les emmènera où il voudra. À cette heure, les circonstances favorisaient ses projets sur l’Italie : il semblait redevenu possible d’y poursuivre avec succès l’entreprise tentée, quarante ans plus tôt, par son parent, le cousin de son père, Alexandre d’Épire, et tout récemment encore rêvée et préparée par Agathocle, son beau-père. Donc, tournant le dos à la Macédoine, Pyrrhus part s’en allant fonder pour lui et pour la nation Hellénique un nouvel empire, dans les contrées de l’Occident. 290 av. J.-C. Les Italiques se soulèvent.

La paix de 464, conclue entre Rome et le Samnium, ne fut que d’une courte durée : mais c’est en Lucanie, cette fois, que l’explosion éclate, et que se relève encore la ligueLes Lucaniens hostile à la République. Les Lucaniens, en prenant parti pour Rome durant les guerres Samnites, avaient paralysé l’effort des Tarentins, et contribué puissamment à l’issue de la lutte : en récompense, toutes les cités Grecques de leur contrée leur avaient été abandonnées. S’unissant aux Bruttiens, au lendemain de la paix, ils s’étaient mis aussitôt à attaquer celles-ci de compte à demi, et à les réduire les unes après les autres. Assaillis à deux reprises par le général Lucanien Stenius Statilius, les citoyens de Thurium, dans l’extrémité de leur désespoir, usèrent du même remède que les Campaniens jadis, quand ceux-ci avaient invoqué le secours de Rome contre les invasions Samnites. Ils offrirent, de même, de payer ce secours du prix de leur liberté. Comme, depuis la fondation de Venouse, Rome n’avait plus besoin de l’assistance des Lucaniens, le sénat s’empressa de déférer à la demande de Thurium, et fit défense à ses anciens amis de mettre la main sur une ville qui s’était donnée à la République. Trompés ainsi par leur puissante alliée, Lu-