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LIVRE II, CHAP. VII

l’Union Nord-américaine, alors pourtant qu’ils vendaient des soldats à ses adversaires.

Le roi Pyrrhus. Sa place dans l'histoire.Pyrrhus, roi d’Épire, courut aussi les aventures en qualité de chef d’armée. En vrai chevalier de fortune qu’il était, il faisait remonter sa généalogie jusqu’aux Æacides, jusqu’à Achille. S’il eût aimé la paix, il fût mort le roi d’un petit peuple des montagnes, sous la suzeraineté de la Macédoine, peut-être même, isolé et indépendant. On l’a quelquefois comparé à Alexandre, et, de fait, c’eût été une œuvre immense, que la fondation d’un empire Grec occidental, ayant pour noyau l’Épire, la grande Grèce et la Sicile ; dominant sur les deux mers italiennes, et repoussant Rome et Carthage dans la foule des nations barbares, assises sur les frontières du système des États Grecs, comme étaient les Gaulois ou les Indiens. La pensée seule de construire un si vaste édifice était grande et hardie à l’égal de celle qui conduisit Alexandre au delà de l’Hellespont. Mais ce n’est pas seulement par l’issue différente des tentatives que l’expédition du Macédonien en Orient se distingue de l’entreprise du roi Épirote en Occident. Les phalanges Macédoniennes, pourvues d’un état-major excellent, formaient une arme d’attaque puissante contre les bandes du Grand-Roi. Le roi d’Épire, au contraire, qui était à la Macédoine ce que le duc de Hesse est à la Prusse, ne pouvait lever d’armée méritant ce nom qu’en soudoyant des mercenaires, et qu’en contractant des alliances subordonnées aux hasards et aux vicissitudes des rapports politiques. Alexandre était entré en conquérant chez les Perses : Pyrrhus en Italie ne sera que le général d’une coalition d’États secondaires. Alexandre, en quittant son royaume héréditaire, a ses derrières assurés par la complète soumission de la Grèce et par une forte réserve qu’il a confiée à Antipater. Rien ne garantira à Pyrrhus la possession tranquille de son royaume ; rien,