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GUERRE ENTRE ROME ET LE ROI PYRRHUS

mières ; la propagande des idées grecques, sans être absolument abandonnée, s’affaiblit à la fois, et s’arrêta dans ses progrès. En un tel état de choses, ni les royaumes Grecs, ni les États Asiatiques ou Égyptiens ne pouvaient songer désormais à prendre pied dans l’Occident, et à entamer une lutte avec Rome ou Carthage. Les divers empires de l’Est et de l’Ouest vécurent côte à côte sans s’entamer mutuellement par les contacts de la politique internationale ; et Rome, tout particulièrement, demeura complètement étrangère à toutes les vicissitudes du siècle des Diadoques[1]. Mais des rapports économiques n’avaient pas laissé que de s’établir : on voit, par exemple, la libre république des Rhodiens, principaux représentants de la politique commerciale des neutres en Grèce, et les plus actifs promoteurs du trafic dans un temps de continuelles guerres, conclure un traité avec Rome, en l’année 448480 av. J.-C. ; traité de commerce, cela va sans dire, quand l’on songe aux parties contractantes, un peuple marchand, d’un côté, et un peuple maître des côtes de Cœré et de Campanie, de l’autre. La Grèce était alors le lieu le plus propice au recrutement des mercenaires : Tarente, entre autres villes, en appela un grand nombre en Italie. Qu’on se garde pourtant d’aller voir dans un tel contrat de louage la preuve de rapports politiques réciproques. Sans doute Tarente n’était point devenue absolument étrangère à Sparte, sa métropole ; mais qu’on le tienne pour certain, les levées de mercenaires étaient choses de pur négoce ; et, quoique durant les guerres Italiques, Sparte eût à fournir aux Tarentins d’ordinaire les chefs même de leurs armées, elle n’entrait pas le moins du monde pour cela en guerre avec les peuples Italiques, pas plus que, durant la guerre de l’Indépendance, les États Allemands n’ont été de nos jours en guerre avec

  1. [Diadoques ou successeurs, nom grec donné aux généraux qui se partagèrent l’empire du Macédonien.]