Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 2.djvu/193

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.



CHAPITRE VII

GUERRE ENTRE ROME ET LE ROI PYRRUS.




Rapports entre l'Orient et l'Occident.Lorsque Rome eut définitivement conquis le sceptre du monde, on entendit parfois dire aux Grecs, pour dénigrer leurs maîtres, que tout l’édifice de la grandeur Romaine n’avait tenu qu’à une chose, à cet accès de fièvre, qui, le 11 juin 431323 av. J.-C., mit fin dans Babylone à la vie d’Alexandre de Macédoine. Au milieu des tristesses du passé et du présent, les Grecs aimaient en effet à se demander ce qui serait arrivé, si le grand roi avait eu le temps d’exécuter les projets qu’il nourrissait dans son esprit, dit-on, au jour de sa mort; si, se tournant du côté de l’ouest, il avait, avec sa flotte, disputé aux Carthaginois l’empire des mers, et, avec ses phalanges, l’empire de la terre aux Romains. Il n’est point impossible, en effet, qu’Alexandre ait songé à ces vastes entreprises, et, pour les rendre vraisemblables, il n’était pas même besoin de mettre enjeu les ambitions effrénées du puissant autocrate, marchant en avant avec ses armées et ses vaisseaux, sans jamais trouver de limites à ses conquêtes. Certes il était digne d’un roi Grec, de protéger la Sicile contre Carthage, Tarente