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GUERRE DE L'INDÉPENDANCE ITALIENNE

de trente-sept années, le Samnium, quelques mois avant (464290 av. J.-C.), a conclu la paix avec le consul Manius Curius Dentatus : l’alliance avec Rome a été formellement renouvelée. Cette fois, comme lors du traité de 450304 av. J.-C., Rome n’écrase pas ce noble peuple sous le poids de conditions trop dures où honteuses ; elle ne lui demande même pas de sacrifices de territoire. Il convenait à la prudence Romaine de persister dans la voie jusque-là suivie. Avant d’en venir à la conquête et à l’absorption de la région intérieure, Rome veut placer sous sa domination, immédiate et définitive toute la région Campanienne et le littoral de l’Adriatique. La première était depuis longtemps soumise : mais la République a la vue longue, et elle juge nécessaire, pour assurer les succès de sa politique, de fonder encore sur la côte Campanienne les deux forteresses maritimes de Minturnes et de Sinuessa (459295 av. J.-C.)[1]. Les colons qu’elle y conduit, suivant la règle usitée pour toutes les colonies côtières, sont dotés du droit de cité pleine. Dans l’Italie centrale la domination Romaine s’étend et s’assoit d’une façon encore plus énergique. Après une courte et impuissante résistance, tous les peuples Sabins sont faits sujets de la République (464290 av. J.-C.), et, dans les Abruzzes, non loin de la côte, la forte place d’Hatria est fondée (465289 av. J.-C.). Mais de tous les établissements nouveaux le plus important est sans contredit celui de Venusia [Venosa] (463291 av. J.-C.), où Rome envoie le nombre inusité de vingt mille colons. Construite à la rencontre des frontières du Samnium, de l’Apulie et de la Lucanie, sur la route qui relie le Samnium à Tarente, la nouvelle citadelle occupe une position extrêmement forte : elle est destinée à contenir les peuples avoisinants, et surtout elle intercepte les passages entre les deux plus puissants ennemis de Rome dans l’Italie du sud. Nul

  1. [Trajetto, et Rocca di Mondragone.]