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LIVRE II, CHAP. VI

Après ce dernier désastre, et pendant des années encore, on vit ces braves lutter avec un courage sans pareil. Cachés dans leurs montagnes et dans leurs citadelles, ils remportèrent souvent des avantages partiels sur un ennemi démesurément plus fort ; un jour même (462292 av. J.-C.), il fallut envoyer contre leurs bandes le vieil et héroïque Rullianus ; une autre fois, la dernière, le Samnite Gavius Pontius, le fils peut-être du vainqueur des Fourches Caudines, battit complètement les Romains ; et ceux-ci s’en vengèrent lâchement, en le faisant mettre à mort au fond d’un cachot, après qu’ils l’eurent fait prisonnier (463291 av. J.-C.).

Rien ne bougeait plus en Italie. Une tentative des Falisques (461293 av. J.-C.) mérite à peine le nom de guerre. Les Samnites avaient encore les yeux tournés du côté de Tarente, qui seule eût pu les assister ; mais, comme toujours, elle se tint à l’écart, et toujours par les mêmes causes. À l’intérieur, un gouvernement déplorable : au dehors, les Lucaniens, chez qui la faction romaine avait repris le dessus (dès 456298 av. J.-C.) ; ajoutez à cela la juste inquiétude inspirée par Agathocle de Syracuse, alors parvenu à l’apogée de sa puissance, et qui commençait à diriger ses vues vers l’Italie. Vers 455299 av. J.-C., il occupe Corcyre, d’où Cléonyme avait été chassé par Démétrius Poliorcète, et il menace Tarente par les deux mers Adriatique et Ionienne. À la vérité il cède bientôt cette île (459295 av. J.-C.) à Pyrrhus, roi d’Épire (V. infra, ch. VII), et fait ainsi cesser pour partie les craintes qu’il avait excitées : mais les Tarentins n’en continuent pas moins de se mêler aux affaires Corcyréennes. En 464290 av. J.-C., ils aident Pyrrhus à défendre sa nouvelle acquisition contre une seconde entreprise de Démétrius ; d’ailleurs les visées politiques d’Agathocle à l’égard de l’Italie du Sud leur sont toujours un motif de souci. Quand celui-ci meurt enfin (465289 av. J.-C.), l’heure favorable est passée. Épuisé par une guerre