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LIVRE II, CHAP. VI

le théâtre de la lutte, pour courir au secours de leur patrie menacée. Le premier combat eut une issue fâcheuse pour les Romains, dont l’avant-garde fut battue dans la contrée de Chiusi par les coalisés Gaulois et Samnites. Mais le mouvement de leurs réserves n’en eut pas moins un complet succès. Moins dévoués à l’intérêt commun que les Samnites, qui marchaient sur les cendres de leurs villes ruinées pour arriver sur le champ de bataille, à peine eurent-ils appris l’incursion des Romains sur leur territoire, que le plus grand nombre des auxiliaires Toscans abandonnèrent leurs alliés ; et ceux-ci se trouvèrent considérablement amoindris au jour décisif. La bataille fut livrée au pied du contrefort oriental de l’Apennin, non loin de Sentinum[1]. Bataille de Sentinum.La journée fut chaude. À l’aile droite des Romains, où Rullianus avec ses deux légions avait affaire aux Samnites, la lutte resta longtemps indécise. À l’aile gauche, commandée par Publius Decius, les chars de guerre Gaulois jetèrent le désordre parmi la cavalerie Romaine ; déjà les légions commençaient à faiblir. C’est alors que le consul appela le prêtre Marcus Livius, lui ordonna de vouer aux dieux infernaux et la tête du général de la République et l’armée ennemie ; puis, se jetant au plus épais des bandes Gauloises, il alla y chercher et trouver la mort. Cet acte d’héroïque désespoir eut sa récompense. En voyant tomber un chef qu’ils aimaient, les légionnaires, qui déjà lâchaient pied, revinrent à la charge ; et les plus braves s’élancèrent dans les rangs ennemis pour venger le consul ou mourir avec lui. Au même instant accourait à leur secours le consulaire Lucius Scipion, détaché par Rullianus. Les turmes de l’excellente cavalerie Campanienne prennent les Gaulois à dos et en flanc, et décident la journée : les Gaulois s’enfuient, et, après

  1. [Sassoferrato, en Ombrie]