Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 2.djvu/186

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
182
LIVRE II, CHAP. VI

sur la Lucanie ; y poussèrent leurs partisans au gouvernail des affaires, et conclurent avec eux un traité d’alliance. Naturellement, les Romains, à la nouvelle de ces événements, déclarent la guerre : le Samnium s’y était attendu. Tel était l’entraînement des esprits que les chefs Samnites firent savoir aux envoyés Romains, qu’ils ne pouvaient garantir l’inviolabilité de leurs personnes, s’ils mettaient le pied sur le territoire d’au delà de la frontière.

La guerre éclate donc de nouveau (456298 av. J.-C.). Les légions Romaines vont combattre en Étrurie ; et, en même temps, une seconde et principale armée traverse le Samnium, réduit les Lucaniens à solliciter la paix et à envoyer à Rome des otages. L’année suivante, les deux consuls se réunissent contre le Samnium. Rullianus est vainqueur à Tifernum[1] : son fidèle compagnon d’armes Publius Decius Mus l’est également à Maleventum : les Romains campent cinq mois durant en pays ennemi. Cette concentration de leurs forces était due à la lâcheté des Étrusques, dont plusieurs cités entraient en arrangements particuliers avec la République. Les Samnites, qui n’avaient plus chance de victoire que dans la coalition de toute l’Italie, firent les plus énergiques efforts pour empêcher une paix séparée entre Rome et les Étrusques : une telle paix était pour eux une immense péril. Gellius Egnatius, leur général, alla jusqu’à offrir de passer en Étrurie, à la tête d’une armée de secours. Ce fut alors seulement que le conseil fédéral Étrusque se décida enfin pour la coalition, et appela les populations aux armes. Réunion des armées coalisées dans l'Ombrie.Le Samnium, de son côté, ne marchanda ni les efforts ni les sacrifices. Il mit trois armées en campagne ; l’une resta pour défendre le pays ; l’autre fut dirigée sur la Campanie ; la troisième et la plus forte, marcha

  1. [Tifernum Samniticum, au N.-E. de Bovianum, sur le Tifernus (Biferno). — Maleventum, plus tard Bénévent.]