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LIVRE II, CHAP. VI

marche à pas rapides dans la voie de l’assimilation avec Rome. Dans la région qui sépare le Samnium de l’Étrurie, deux routes militaires furent créées, avec les forteresses nécessaires pour en assurer la possession. Celle du nord, qui devint plus tard la voie Flaminienne, couvrait la ligne du Tibre ; elle menait par la ville alliée d’Ocriculum [Otricoli] à Narnia [Narni], nom donné par les Romains à la vieille citadelle Ombrienne de Nequinum, lorsqu’ils y amenèrent une colonie militaire (455299 av. J.-C.). Celle du sud, qui devint la voie Valérienne, se dirigeait vers le lac Fucin [Celano] par Carsioli[1] et Alba, également colonisées (451-453303-301 av. J.-C.). Ces deux places importantes, Alba surtout, qui était la clef du pays Marse, reçurent une garnison de six mille hommes. Les petits peuples, au milieu desquels se fondaient tous ces établissements ; les Ombriens, qui défendirent opiniâtrement Nequinum ; les Æques, qui se ruèrent sur Alba ; les Marses, qui assaillirent Carsioli, firent de vains efforts pour empêcher les progrès de Rome : comme deux verrous de fer, les deux forteresses fermèrent, sans empêchement désormais, les communications entre l’Étrurie et le Samnium. Déjà nous avons fait mention des grandes voies et des fortifications, levées ailleurs pour contenir l’Apulie, et surtout pour assurer la possession de la Campanie. Par elles, le Samnium se voyait à l’ouest et à l’est enveloppé dans un réseau de postes militaires. Quant à l’Étrurie, rien ne caractérise mieux sa faiblesse relative que la négligence manifeste des Romains à son égard : ils ne jugent point nécessaire en effet de pousser une chaussée, et de construire des places fortes au milieu de la forêt Ciminienne. De ce côté, la forteresse frontière de Sutrium [Sutri] restait le dernier point de la ligne militaire ; et Rome se contenta de faire entretenir à l’état de voie praticable Civita-Carentia, non loin d’Arcoli.

  1. [Civita-Carentia, non loin d’Arcoli.]