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LIVRE II, CHAP. VI

racuse, et délivrer les villes grecques de Sicile. À ce moment, les Samnites concluaient la paix. Quand les Romains, dégagés de ce côté, portèrent plus attentivement leurs regards vers le sud-est de la Péninsule ; quand, en 447307 av. J.-C., par exemple, une de leurs armées s’en alla ravager le territoire des Sallentins, ou plutôt pousser jusque chez eux une reconnaissance significative, le condottiere Spartiate embarqua ses soldats, et se jeta sur l’île de Corcyre, merveilleusement placée pour en faire un nid de pirates, tant à l’encontre de la Grèce que de l’Italie. Ainsi délaissés par le chef militaire qu’ils s’étaient donnés, privés en même temps de leurs alliés dans l’Italie centrale, que pouvaient faire les Tarentins ? Ils ne leur resta plus, à eux et aux Italiques ligués avec eux, Lucaniens et Sallentins, qu’à entrer en arrangement avec Rome. Ils obtinrent, parait-il, des conditions passables. A peu de temps de là (451303 av. J.-C.), Cléonyme revient, et assiége Uria[1], sur le territoire Sallentin : les habitants le repoussent, assistés par les cohortes Romaines.

Rome se fortifie dans le centre de l'Italie.Rome avait vaincu ; elle usa pleinement de sa victoire. Si les Samnites, les Tarentins, et les peuples plus éloignés du Latium se virent traités avec une modération remarquable, il n’en faut pas faire honneur à la générosité de la République : la générosité lui était inconnue ; elle n’agissait ainsi que par prudence et sage calcul. Rien ne pressait du côté de l’Italie du sud, et la reconnaissance formelle de la suprématie de Rome n’y était point d’une nécessité immédiate. Il fallait tout d’abord achever et consolider la conquête du centre. Déjà, durant les dernières guerres, les voies militaires et les forteresses construites en Campanie et en Apulie y avaient préparé l’établissement définitif de la puissance Romaine.

  1. [Oria dans le centre de la presqu’île, à la hauteur de Brindes.]