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GUERRE DE L'INDÉPENDANCE ITALIENNE

Sallentins contre les alliés des Romains, ils avaient eu journellement affaire aux bandes Lucaniennes. Dans les dernières années de la guerre Samnite, une fois, ils avaient fait mine d’y prendre sérieusement un rôle. Pressés d’une part, du côté de la Lucanie, où il leur fallait repousser des incursions sans cesse renouvelées : pressentant bien, bon gré mal gré, de l’autre part, que la chute du Samnium était une menace pour leur propre indépendance, ils s’étaient décidés, en dépit de l’expérience malheureuse déjà faite, et des souvenirs laissés par Alexandre le Molosse, à appeler encore un condottiere à leur secours. Le prince Spartiate Cléonyme passe la mer sur leur invitation, avec cinq mille mercenaires, et réunit à sa petite bande une troupe d’égale force levée en Italie, le contingent des Messapiens des petites cités grecques, et surtout la milice de Tarente, comptant vingt-deux mille soldats. A la tête de cette armée déjà considérable, il oblige les Lucaniens à faire la paix avec Tarente, à établir chez eux un gouvernement, plus ami du Samnium ; mais, en même temps, il leur abandonne Métaponte[1]. Les Samnites avaient encore les armes à la main : rien n’empêchait le Spartiate de marcher à leur secours, et de jeter dans la balance, en faveur de la liberté des peuples et des villes Italiques, tout le poids de ses armes, de ses talents militaires, et de ses nombreux soldats. Mais Tarente ne fit pas, alors, ce que Rome à sa place n’eût pas manqué de faire : Cléonyme n’était d’ailleurs ni un Alexandre ni un Pyrrhus. Loin d’entamer aussitôt une guerre difficile, où il y avait plus de coups à recevoir que de butin à gagner, il prend en main, je le répète, la cause des Lucaniens, contre la cité de Métaponte ; puis il s’oublie au sein des plaisirs, parlant tous les jours d’aller combattre Agathocle de Sy-

  1. [Torre di Mare, à l’embouchure de Bradano.]