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GUERRE DE L'INDÉPENDANCE ITALIENNE

les Volsques et les Èques. De même qu’alors Rome s’était appuyée sur les Herniques, aujourd’hui elle s’appuie sur Arpi. Il fallut bien que les Italiques ouvrissent les yeux : c’en était fait de leur liberté si les Samnites succombaient. L’heure avait sonné de réunir toutes leurs forces, et de marcher au secours des héroïques montagnards qui, depuis quinze ans, soutenaient tout seuls le poids d’une guerre inégale.

Intervention des Tarentins.Les Tarentins étaient les alliés nés des Samnites et leurs proches voisins ; mais ce fut un malheur pour le Samnium et pour l’Italie, dans cette crise de leur indépendance, qu’à l’heure où la décision à prendre dans le temps présent allait encore décider de l’avenir, les Athéniens de la Grande Grèce eussent le sort du pays dans leurs mains. Tarente à l’origine avait reçu une constitution Dorienne et toute aristocratique ; mais une démocratie sans limites avait bientôt transformé ses institutions. Dans cette ville peuplée de marins, de pêcheurs et de fabricants, régnait une activité incroyable : dans l’ordre moral et matériel ses habitants, plus riches que distingués, avaient rejeté bien loin les travaux sérieux de la vie pour les agitations d’une existence ingénieuse et brillante, mais tournant au jour le jour dans un même cercle ; continuellement suspendue entre les plus grandes audaces de l’esprit d’entreprise et les élans du génie, et la légèreté la plus déplorable ou l’extravagance puérile. Il n’est point hors de propos de rappeler que, dans ces conjonctures suprêmes, où il y allait de vivre ou de mourir pour des nations si richement douées et d’une si ancienne renommée, Platon, venu soixante ans avant (365389 av. J.-C.) à Tarente, avait vu toute la ville plongée dans l’ivresse et la débauche, au milieu des fêtes Dionysiaques ; c’est-lui qui le raconte. Rappelons aussi qu’au temps même de la grande guerre du Samnium, Tarente s’occupait à inaugurer la tragi-comédie (ou « hilaro-tragédie »). La