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LIVRE II, CHAP. VI

n’aient refait leur armée dissoute : les Satricans passent dans leurs rangs, montrant par là quels avantages eussent été assurés aux Italiques si on avait su agir à l’heure opportune. Mais Rome, un instant paralysée, reprend bientôt sa puissance : pleine de honte et de haine, elle rassemble tout ce qu’elle a d’hommes et de ressources ; et à la tête de son armée renouvelée elle met son soldat le plus éprouvé, et, son meilleur général, Lucius Papirius Cursor. Une moitié des troupes passe par la Sabine, et s’avance vers Lucérie en longeant le littoral de l’Adriatique. Une autre division s’y rend par le Samnium même, refoulant les Samnites devant elle après plusieurs combats heureux. Les deux divisions se réunissent devant les murs de Lucérie, dont elles pressent le siège avec ardeur ; car c’est là que sont enfermés les chevaliers captifs. Les Apuliens, les gens d’Arpi[1], notamment prêtent aux Romains un appui des plus utiles et leur assurent les vivres. Les Samnites sont battus en s’efforçant de dégager la place qui se rend (435319 av. J.-C.). Papirius a la joie d’un double succès ; il délivre des camarades que l’armée Romaine estimait perdus, et venge le désastre de Caudium, en faisant passer sous le joug à son tour la garnison Samnite de la ville prise. Dans les années suivantes (435-437319-317 av. J.-C.), la guerre s’étend sur les pays voisins du Samnium plutôt que sur le Samnium lui-même[2]. C’est ainsi que d’abord les Romains châtient les auxiliaires de leurs ennemis dans les contrées des Apuliens et des Frentans ; et qu’ils concluent de nouveaux traités d’alliance avec les gens de Teanum et de Canusium[3]. En même temps ils rétablissent leur domination dans

  1. [L’ancienne Argos Hippium ou Argyripa, non loin de Foggia auj.]
  2. Il me semble, en effet, fort improbable qu’en 436-437318-317 av. J.-C., il y ait eu une trêve formellement conclue entre les deux peuples belligérants.
  3. [Canusium, auj. Canosa, en Apulie.]