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LIVRE II, CHAP. VI

nationalité, n’avait plus guère à compter que sur son courage. Il ne fallait rien moins dans cette lutte gigantesque et inégale, que ses efforts opiniâtres et invincibles, pour donner à penser aux autres peuples ; pour faire naître en eux une noble honte, et les pousser à réunir aussi leurs forces. Un seul jour de victoire, et, tout autour de Rome, s’allumerait peut-être l’incendie de la révolte et de la guerre ! L’histoire doit son témoignage au peuple généreux qui comprit son devoir, et voulut l’accomplir.

La guerre éclate entre le Samnium et Rome.Depuis plusieurs années déjà, les entreprises quotidiennes des Romains sur le Liris avaient excité le ressentiment des Samnites : une dernière et plus grave infraction des traités, la fondation de Frégelles (426328 av. J.-C.), vint combler la mesure. Les Grecs de Campanie fournirent l’occasion d’où sortit la guerre. Les deux villes jumelles de Palæpolis et de Neapolis, qui ne formaient qu’une cité sous le rapport politique, et qui paraissent avoir eu l’empire sur les îles du golfe, avaient seules, jusque-là, gardé, leur indépendance au milieu des possessions Romaines. Les Tarentins et les Samnites apprirent que Rome méditait de les asservir. Ils prirent les devants ; et, tandis que les Tarentins, trop nonchalants, sinon trop loin placés, tardaient à se mettre en marche, ils jetèrent tout à coup une forte garnison dans les murs de Palæpolis. Aussitôt les Romains de déclarer la guerre aux Palæpolitains, ou plutôt aux Samnites sous leur nom (427327 av. J.-C.), et de mettre le siége devant la ville. Comme il traînait en longueur, les Grecs Campaniens se fatiguèrent et de leur commerce suspendu, et de la garnison étrangère qu’ils avaient accueillie d’abord. Les Romains, dont tous les efforts tendaient à détacher de la coalition les États de second et de troisième ordre, en leur donnant satisfaction par des traités séparés, les Romains, dis-je, s’empressèrent de profiter des disposi-