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GUERRE DE L'INDÉPENDANCE ITALIENNE

dont la multitude accourue sous ses étendards attestait par là la gravité des troubles intérieurs agitant la confédération des cités de Lucanie. Il se vit bientôt plus fort que l’ennemi. Consentia (Cosenza), le chef-lieu, à ce qu’il semble, de la ligue Sabellienne de la Grande-Grèce, tombe en son pouvoir. En vain les Samnites marchent au secours des Lucaniens ; Alexandre bat l’armée coalisée devant Pæstum : il écrase les Dauniens sous Sipontum [Manfredonia], les Messapiens dans la péninsule sud orientale, et, devenu maître du pays d’une mer jusqu’à l’autre, il se dispose, aidé de ses alliés, à aller chercher les Samnites jusque chez eux. Les Tarentins étaient loin de s’attendre à de tels succès : ils en prennent effroi, et bientôt ils tournent leurs armes contre ce condottiere dont ils avaient loué les services, mais qui maintenant aspire à conquérir dans l’ouest un empire Hellénique, semblable à celui que son neveu est en train de fonder en Orient. Au début, le Molosse l’emporte ; il arrache Héraclée [Policoro] aux Tarentins, restaure Thurium et appelle tous les Gréco-Italiques à s’unir à lui contre Tarente, en même temps qu’il négocie la paix entre eux et les Sabelliens. Ses visées étaient trop hautes ! Il ne trouve qu’un faible appui chez les Grecs dégénérés ou découragés : en changeant de parti, comme l’y obligeaient les circonstances, il s’aliène, quoiqu’il fasse, ses adhérents de Lucanie ; et un émigré Lucanien le tue près de Pandosie (422332 av. J.-C.)[1]. Après lui, les choses redeviennent ce qu’elles étaient avant. Les villes Grecques, de nouveau désunies, isolées, se

  1. [À l’embouchure du Laüs]. — Il n’est point superflu de rappeler ici, que tout ce que nous savons d’Archidamos et d’Alexandre le Molosse, nous a été conservé par les annales grecques, dont il n’est possible d’établir que par à peu près le synchronisme avec les annales romaines, pour l’époque actuelle. Si dans l’ensemble les rapprochements sont certains entre les événements survenus dans l’Italie de l’ouest, et dans l’Italie du sud-est, on fera bien pourtant de ne point à les pousser jusque dans les détails.