Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 2.djvu/16

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
12
LIVRE II, CHAP. I

spécial, est dorénavant tenu, au contraire, dans l’administration de la cité, de nommer un commissaire pour certains cas ou offices, en même temps que toute délégation lui est, en d’autres cas, interdite. Ayant au fond le droit et le pouvoir, il ne peut plus les exercer souvent que par des représentants, qu’il choisit, à la vérité. Ainsi en est-il pour tous les procès civils, pour le jugement des crimes que jadis le roi déférait d’ordinaire à la connaissance des deux questeurs du meurtre (quœstores, I, pp. 89-205) ; et enfin pour l’administration du trésor des archives publiques, que ces deux mêmes magistrats réunissent à leurs attributions anciennes. Depuis longtemps déjà ils siégeaient en permanence : aujourd’hui, la loi les confirme dans leurs pouvoirs ; et, comme ils sont désignés par le consul, de même qu’autrefois par le roi, ils sortent aussi de charge avec lui, après l’année révolue. Pour les autres cas en dehors de ces règlements, le chef de l’État, dans la métropole, procède ou non en personne : toutefois le procès civil ne peut être introduit par devant un représentant du consul. Cette différence importante dans la délégation des pouvoirs civils et militaires se constate clairement par ses résultats. Dans les choses du gouvernement intérieur, il n’y a point de représentation possible du pouvoir central [pro magistratu, de promagistrature, pour forger le mot]. Les officiers de la cité ne peuvent avoir de suppléants : à l’armée, au contraire, les délégués du chef sont nombreux (pro-consule, pro-prœtore, pro-quœstore : proconsuls, propréteurs et proquesteurs) : mais ils sont absolument sans pouvoir à l’intérieur.

Le roi avait eu jadis le privilège de la nomination de son successeur : il ne fut nullement retiré aux consuls. Mais on leur imposa l’obligation de nommer sur l’indication du peuple. Par là, on peut soutenir, sans doute, que l’élection appartenait à ce dernier, en fin de compte.