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ASSUJETTISSEMENT DU LATIUM ET DE LA CAMPANIE

cité, se prononcent contre elle. Laurentum seule lui reste fidèle. D’un autre côté, à l’exception de Vélitres, toutes les colonies romaines du Latium persistent dans l’alliance de la République. Que Capoue, après s’être une première fois donnée, ait saisi l’occasion de rejeter le joug : qu’elle ait fait alors cause commune avec les fédérés latins, en dépit de la faction des grands (optimates) qui tenaient pour Rome ; que les Volsques, à leur tour, aient couru aux armes, espérant trouver dans l’insurrection latine un moyen suprême de reconquérir leur liberté perdue, ce sont là des faits pleinement croyables : en revanche, on ne s’explique pas pourquoi les Herniques adoptèrent la ligne de conduite suivie par l’aristocratie Campanienne, et se tinrent en effet à l’écart. La situation des Romains était dangereuse. Enfoncés au delà du Liris, dans les plaines de la Campanie qu’ils occupaient, ils se voyaient coupés de la mère-patrie par

    on sait, répétée par le dévouement de son fils, en 459295 av. J.-C.. Toute cette histoire accuse un autre temps et une autre main : elle ne reproduit pas les documents plus anciens et plus dignes de foi des vieilles annales : la narration s’y embellit d’une foule de tableaux de batailles composés à loisir, et d’anecdotes cousues tant bien que mal dans sa trame, comme celle, par exemple, de ce préteur de Sétia, précipité du haut des marches du palais du Sénat, parce qu’il a osé ambitionner le consulat ; ou celles encore, si nombreuses, qui servent de commentaire au surnom de Titus Manlius. Il s’y trouve enfin en foule de digressions soi-disant archéologiques d’une valeur plus que contestable. Citons une sorte d’histoire de la légion, dont une seconde édition a évidemment fourni à Tite-Live (1, 52) des indications très probablement apocryphes sur les manipules, mélangés de Romains et de Latins, du second des Tarquins : citons encore tous les mensonges échafaudés à l’occasion du traité entre Capoue et Rome (v. mon Röm. Munzwesen (Système monét. des Romains), p. 334, note 122) ; tout ce qui a trait aux formules de l’acte du dévouement [devotio], au denier Campanien, à l’alliance avec Laurentum, aux deux jugères (bina jugera) par lot d’assignation, (p. 141 en note), etc. Au milieu d’une confusion pareille, n’est-il pas fort remarquable de voir Diodore, qui d’ordinaire puise à d’autres et plus anciennes sources, ne rien dire de tous ces événements ? Il n’en connaît que le dernier, la bataille de Trifanum, laquelle s’accorde mal avec tout le récit qui précède : d’après les lois de la composition poétique, la mort de Decius devrait clore le drame !