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LIVRE II, CHAP. V

tous ces peuples l’art grec s’était allié avec le luxe barbare. Les bijoux d’or et d’ambre, les ustensiles splendides aux brillantes couleurs trouvés dans les nécropoles, disent éloquemment combien ils s’étaient tous éloignés de l’antique simplicité de leurs pères. Leur écriture porte un semblable témoignage : le vieil alphabet apporté du nord fut échangé par les Lacaniens et les Bruttiens pour l’alphabet grec ; en Campanie, l’alphabet, et le parler national, se développant à part sous l’empire des mêmes influences, avaient revêtu une clarté et une délicatesse singulières. Enfin, çà et là, se rencontrent les traces des théories philosophiques de la Grèce.

La Confédération Samnite.Quant au Samnium propre, il ne fut point entamé. Mais toutes ces nouveautés, si belles, si naturelles qu’elles paraissent à certains égards, n’en avaient pas moins pour effet de dissoudre les liens de l’unité nationale, déjà trop peu resserrés à l’origine. L’hellénisme fit une brèche profonde dans l’organisme de la race Samnite. Les « Philhellènes » délicats de la Campanie s’accoutumèrent, comme faisaient les Grecs, à trembler devant les rudes peuplades de la montagne, qui de leur côté se jetaient sur la plaine, et ne laissaient ni repos ni trêve aux habitants actuels, leurs anciens compatriotes dégénérés. Rome, au contraire, était une cité compacte, qui disposait de toutes les forces du Latium : ses sujets murmuraient, mais ils obéissaient. Les Samnites, eux s’étaient brisés et disséminés. Leur confédération dans le Samnium propre avait maintenu intactes, sans doute, les coutumes et la bravoure des ancêtres ; mais elle s’était, de même, affaiblie et comme pulvérisée par l’émiettement et la dispersion de toutes les peuplades et de toutes les cités.

Capoue soumise par les Romains.La querelle des Samnites de la plaine contre ceux de la montagne fut la vraie cause lui fit passer le Liris aux Romains. Les Sidicins de Teanum et les Campa-