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LIVRE II, CHAP. V

soumission de Véies et de la région Pontine deviennent pour Rome un réel accroissement de force, le Samnium s’affaiblit plutôt quand il se rend maître des villes de Campanie, et quand s’organisent les ligues Lucaniennes et Bruttiennes. Chaque bande sortie du pays, pour chercher de nouvelles terres, marche seule et s’établit à l’aventure. Rapports des Samnites avec les Grecs.Ces bandes se répandent sur un territoire démesurément étendu, qu’elles ne songent pas le moins du monde à s’approprier tout entier ; elles laissent subsister, affaiblies, il est vrai, ou dépendantes, les villes Grecques, Tarente, Thurii, Crotone, Métaponte, Héraclée, Rhégium, Néapolis : les Grecs demeurent tolérés même dans le plat pays et dans les petites cités ; et Cymé, par exemple, Posidonie [Pæstum], Laos, Hipponion[1], selon ce que nous enseignent la relation descriptive citée plus haut et les monnaies locales, restent décidément Grecques sous la domination Sabellique. De là des populations mixtes, telles que les Bruttiens, parlant deux langues[2] et chez qui se combinent les éléments samnites et grecs, et quelques débris des races autochtones. De semblables mélanges, mais à un degré moindre, s’étaient aussi opérés en Lucanie et en Campanie. Les Samnites propres ne surent pas non plus résister au charme dangereux de la civilisation grecque : dans la Campanie surtout, la cité de Naples [Neapolis] entra aussitôt en commerce amical avec les nouveaux venus : le ciel même y humanisait les Barbares. Capoue, Nola, Nucérie[3], Téanum[4], quoique renfermant une population Samnite pure, adoptèrent les mœurs et les insti-

  1. [Hipponion, ou Vibo, ou Vibona Valentia, auj. Bivona, colonie Locrienne, sur la côte ouest de la Calabre.]
  2. [Bruttates bilingues Ennius dixit, quod Brutii et Osce, et Græce loqui soliti sint, Fest., p. 25.]
  3. [Nola, au S. E. de Capoue. — Nucérie, Nuceria Alfaterna, auj. Nocera, non loin de Pompei.]
  4. [Teanum des Sidicins, auj. Teano, au N. O. de Capoue.]