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LIVRE II, CHAP. V

poue aux premiers (330424 ; 420 av. J.-C.), et Cymé aux seconds (334). À la même époque, et peut-être un peu plus tôt, les Lucaniens se montrent dans la grande Grèce : au commencement du IVe siècle, ils ont bataillé contre les habitants de Terina et de Thurii[1], et, bien avant 364390 av. J.-C., ils se sont logés et fortifiés dans la cité grecque de Laos[2]. Leur armée compte 30.000 hommes de pied et 4.000 cavaliers. A la fin de ce même IVe siècle, on entend pour la première fois parler de la ligue séparée des Bruttiens[3] : ceux-ci, suivant une autre route que les autres races Sabelliques, s’étaient détachés des Lucaniens, non pas à titre de colonie, mais à titre de belligérants, et s’étaient mêlés à beaucoup d’éléments étrangers. Les Grecs tentèrent de résister à l’assaut des hordes barbares : la ligue Achéenne se reconstitua (361393 av. J.-C.) ; et il fut ordonné qu’à la première attaque des Lucaniens contre une ville faisant partie de la ligue, tous les contingents devaient accourir : la peine de mort était édictée contre le chef d’armée qui n’amènerait pas ses troupes. Mais la coalition des villes grecques resta inefficace, Denys l’Ancien, de Syracuse, ayant fait cause commune avec les Italiques contre ses compatriotes. Pendant que l’un arrache l’empire des mers aux flottes de la Grande Grèce, les autres occupent ou détruisent successivement les villes helléniques ; toutes ces cités naguère florissantes sont, en un rien de temps, ruinées ou changées en désert. Un petit nombre seulement, Naples entre autres, purent à grand peine sauver leur existence et leur nationalité, en mendiant des traités plutôt qu’en se défendant par les armes. Tarente seule resta in-

  1. [Thurii ou Thurium, non loin de Sybaris. — Terina, sur le golfe de Sainte-Euphémie, au nord de Reggio (Calabres).]
  2. [Sur le golfe actuel de Policastro.]
  3. Le nom de Bruttiens (ou mieux Brettiens) est le nom primitif : il est la plus ancienne appellation indigène des habitants des Calabres actuelles (Antioch., fr. 5, Muller). L’origine pélasgique qui leur est attribuée d’ordinaire n’est qu’une fable.