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LIVRE II, CHAP. V

commune ; de l’autre, certains actes odieux d’injustice finirent par soulever les esprits. En 308446 av. J.-C. les gens d’Aricie et d’Ardée se disputaient la possession d’un territoire litigieux, placé entre les deux villes : les Romains appelés à titre d’arbitres, tranchèrent le procès, en s’adjugeant à eux-mêmes la contrée réclamée par les deux cités. À la suite de cette étrange sentence, de graves désordres éclatent dans Ardée : le peuple veut se jeter dans les bras des Volsques : la noblesse tient pour Rome ; et celle-ci, profitant effrontément de ces discordes, envoie ses colons dans l’opulente cité alliée, et partage entre eux les terres des partisans de la faction anti-romaine (312442 av. J.-C.). Enfin, la principale cause de la dissolution de l’alliance fut précisément l’abaissement de l’ennemi commun. Le jour où l’on crut n’avoir plus rien à craindre du dehors, les ménagements cessèrent d’un côté et les concessions de l’autre. Survint la prise de Rome par les Gaulois et l’épuisement momentané de la République. Un peu plus tard, les Marais Pontins, occupés par les Romains et partagés fournirent un prétexte et une cause de rupture ouverte. Les Latins et les Herniques se coalisèrent, et l’on vit bientôt les alliés de la veille se changer en ennemis.

Déjà bon nombre de Latins avaient spontanément combattu dans les rangs des Volsques, durant leur lutte dernière et désespérée : mais voici que les villes Latines les plus illustres se soulèvent : 383 ; 382-380 av. J.-C.Lanuvium (371), Præneste (372-374, 400), Tusculum (373), Tibur (394, 400)354 ; 381 ; 350, 354 av. J.-C., et avec elles, plusieurs des places fortes établies par la fédération Romano-latine dans le pays Volsque, Velitres, Circéies. Rome se voit obligée de les réduire par les armes. Les Tiburtins vont même jusqu’à faire cause commune avec les bandes Gauloises qui envahissent encore une fois le territoire de la République. Quoi qu’il en soit, la révolte n’embrasse jamais tout le pays, et les