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LIVRE II, CHAP. V

naître, dans ce fait capital, le résultat certain d’une incontestable communauté de rapports entre toutes les cités. Très probablement, c’est en voyant les Tarquins chassés de Rome que les villes Latines ont, pour la première fois, songé aussi à la réforme de leurs institutions et à l’établissement d’un régime semblable au gouvernement consulaire de Rome. Que, d’ailleurs, l’assimilation des institutions latines avec celles de la cité dirigeante ne se soit consommée que plus tard, c’est là un fait très possible, et qui même a pour lui toutes les vraisemblances. La noblesse Romaine, après avoir aboli la royauté chez elle, a dû naturellement poursuivre la même réforme dans les cités fédérales, et introduire le régime aristocratique dans tout le Latium, en dépit des

    cument n’ait trait qu’à la consécration du temple d’Aricie, par un dictateur de l’alliance Latine. (Cato, Origin., l. II, fr. 21, Jordan.). Ajoutons-y la dictature également pratiquée à Cœré (Orelli, 5772). Tous ces dignitaires sont annuels comme les prêtres qu’ils instituent (Orelli, 208) : car aux préteurs et aux dictateurs des villes complètement dissoutes par la conquête romaine, comme aussi au dictateur d’Albe, il faut appliquer ce que dit Tite-Live, 9, 43 : « Anagninis magistratibus prœter quam sacrorum curatione interdictum ». Et quand Macer, avec les annalistes à sa suite, rapporte qu’Albe, à l’époque de sa chute, n’avait déjà plus de rois, mais seulement des dictateurs annuels (Denys d’Hal., 5, 74 ; Plutarch., Romulus, 27 ; Tite-Live, 1, 23), il est clair qu’il ne parle que par induction. Il raisonne, en se fondant sur l’existence de l’institution bien connue de la dictature sacerdotale albaine, annuelle, sans nul doute, comme l’était la dictature de Nomentum. Mais en fournissant cette indication, l’écrivain que nous citons ne cédait-il pas évidemment à ses tendances toutes démocratiques ? Sa conjecture est-elle vraie ou non ? Nous ne saurions le dire. N’est-il pas possible qu’au temps de sa ruine, Albe ait encore été gouvernée par des chefs à vie, et que ce ne soit que plus tard que la suppression des rois à Rome ait aussi amené cette transformation de la dictature Albaine en une fonction annuelle ? — Les deux dictateurs de Fidènes font pourtant exception (Orelli, 112). Leur nom n’est qu’une application abusive et postérieure du mot dictator, lequel exclut toujours, même dans les villes non romaines, le partage de l’autorité entre deux ou plusieurs collègues. — Ces magistratures Latines, on le voit donc, et quant à leur nom, et quant au fond des choses, offrent des rapports frappants avec les institutions fondées à Rome après la révolution ; mais les ressemblances politiques ne suffisent point seules à expliquer toutes ces analogies si remarquables.