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RUINE DES ÉTRUSQUES. – LES GAULOIS

Les poètes de l’Italie du sud, durant le Ve siècle de Rome, célèbrent les vins de Tyrrhénie, et les historiens, Timée, Théopompe, dépeignent à l’envi les habitudes efféminées des Étrusques, la recherche de leur table et ce dévergondage de mœurs qui ne le cède en rien aux excès de la luxure byzantine. L’authenticité des détails manque à leurs récits, sans nul doute. Il en ressort du moins, en toute certitude, que ce fut de l’Étrurie que vinrent à Rome les horribles spectacles des combats de gladiateurs, cette lèpre de la cité impériale et de la société antique dans ses derniers âges. On ne saurait douter dés lors de l’état de décadence profonde des Toscans à l’époque où nous touchons. Leur condition politique en porte imprimé le cachet non méconnaissable. Si pauvres que soient les sources, en ce qui les concerne, nous voyons clairement chez eux prédominer des tendances aristocratiques, absolument comme à Rome, mais plus absolues, plus funestes encore, s’il est possible. La royauté est abolie dans toutes leurs villes, à peu près vers le temps de la prise de Véies : elle fait place au régime d’une sorte de patriciat qui, le relâchement du lien fédéral y aidant, va grandissant partout sans presque rencontrer d’obstacles. Il ne sait pas, sauf en de trop rares circonstances, réunir toutes les cités dans l’intérêt de la commune défense. Volsinies possède bien encore une hégémonie nominale ; mais qu’il y a loin de là à la force puissante et concentrée de Rome à la tête des Latins ! En Étrurie aussi, les citoyens appartenant aux anciens ordres luttent pour leurs privilèges, pour la possession exclusive des charges publiques et la jouissance à eux seuls des produits communaux ; mais tandis qu’à Rome les succès et les victoires au dehors permettent de donner, aux dépens de l’ennemi, quelque satisfaction aux exigences du prolétariat souffrant, ouvrent toute une vaste carrière aux ambitions, et sauvent ainsi la république ;