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LIVRE II, CHAP. I

dernière dénomination est devenue la plus usuelle ; et les pouvoirs attribués aux deux collègues leur sont conférés dans de remarquables conditions. L’autorité suprême n’est point répartie entre eux : chacun, au contraire, en a la plénitude, absolument comme le roi lui-même l’avait eue et l’avait exercée. Que si, comme cela s’est fait tout d’abord, il y eut entre les consuls une sorte de division des pouvoirs, l’un prenant, par exemple, le commandement de l’armée, l’autre l’administration de la justice ; ils n’étaient en aucune façon liés par ce partage, et ils pouvaient librement et en tout temps entreprendre sur leurs attributions respectives. L’autorité suprême balancée par l’autorité suprême ; les ordres de l’un tenus en échec par les ordres prohibitifs de l’autre, tel était le résultat possible de leurs fonctions parallèles. Avec son principe dualiste, pénétrant tous les rouages et tout le mouvement gouvernemental, l’institution consulaire est vraiment spéciale à Rome, ou tout au moins au Latium : on la retrouverait difficilement dans un autre grand état. Son but est manifeste : elle veut conserver à l’autorité royale sa force primitive et intacte : elle ne veut ni la diviser, ni l’enlevant à un seul, la transporter à plusieurs réunis en conseil. Pour cela, elle la dédouble, et, s’il devient nécessaire, l’annule en l’opposant à elle-même. La même règle s’observe en ce qui touche l’époque terminale de la fonction. L’ancien interrègne de cinq jours donnait ici l’exemple et le moyen légal. Les chefs suprêmes de la République sont tenus de ne pas rester en fonctions au delà de l’année révolue, à dater du jour de leur avènement[1] ; mais ils ne les ces-

    σών) celui qui saute dehors ; insula, l’acte d’entrer en sautant : d’où, le massif tombé dans la mer, l’île.

  1. Le jour de l’entrée en fonctions ne coïncidait pas avec le premier jour de l’an (1er mars) : il n’était point préfixe ; mais il déterminait le jour de sortie, sauf au cas où le consul avait été formellement élu en remplacement de celui tombé sur le champ de bataille (consul suffectus) :