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RUINE DES ÉTRUSQUES. – LES GAULOIS

rope du fond de cet Orient, patrie commune des nations occidentales ; ils poussèrent, il y a bien des siècles, jusqu’à l’Océan, et, se fixant dans la contrée qui est aujourd’hui la France, ils envahirent au nord les Îles Britanniques : au sud, ils franchirent le rempart des Pyrénées, et disputèrent la Péninsule aux peuplades Ibériennes. Leurs hordes avaient longé les Alpes du côté du nord. Une fois établis dans l’ouest, ils revinrent par petites masses dans la direction opposée, passèrent les Alpes, l’Hœmus et même le Bosphore ; et furent longtemps la terreur de toutes les nations civilisées. Il n’a rien moins fallu que les victoires de César et la défense organisée par Auguste sur les frontières, pour briser à jamais leur énergie dévastatrice. — Voici ce que racontent les traditions légendaires, conservées par Tite-Live et quelques autres, au sujet de ces émigrations retournant vers l’Orient[1]. Les confédérés Gaulois, ayant à leur tête déjà,

    donnée précise sur la condition originaire des Celtes. Les recherches linguistiques n’en sont elles-mêmes qu’à leurs premiers débuts, et il y aurait témérité à reporter dans l’histoire de ces peuples primitifs des conclusions toutes conjecturales encore.

  1. V. Tit. Liv. 5, 34 ; Justin, 24, 4. César y fait aussi allusion : Bell. gall., 6, 24. Il ne faut pas croire, d’ailleurs, que la fondation de Massalie soit le moins du monde contemporaine à l’expédition de Bellovèse. Celle-ci (vers 600 av. J.-C.) se placerait vers le milieu du second siècle de Rome. La légende primitive et indigène ne connaît pas les dates ; et le rapprochement en question a été inventé par les chronologistes des temps postérieurs. Il se peut qu’il y ait eu, dès les premiers temps, quelques incursions, quelques migrations même ; mais les conquêtes véritables des Celtes, en Italie, n’ont pu s’accomplir avant la décadence de l’empire Étrusque, ou avant la seconde moitié du IIIe siècle, vers 400 av. J.-C. — De même, ainsi que le démontrent ingénieusement Wickham et Cramer, Bellovèse, pas plus qu’Hannibal, n’est passé en Italie par les Alpes Cottiennes (Mont Genèvre), et le territoire des Taurini [Turin] ; mais bien par les Alpes Grées (Petit Saint-Bernard) et le pays des Salasses [Vallée de la Doire]. Tite-Live, en donnant le nom de la montagne franchie par eux, n’obéit pas à une tradition ; il suit sa propre conjecture. Quant aux Boïes d’Italie, lesquels y seraient venus par les passages des Alpes Pennines [Grand Saint-Bernard], nous ne saurions décider si la tradition se fonde sur le souvenir d’un événement réel, ou si elle ne tient pas seulement à une coïncidence de nom entre ces mêmes Boïes, et ceux qui habitaient au nord du Danube.