Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 2.djvu/116

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
112
LIVRE II, CHAP. IV

des métaux. Ils ont la passion de la renommée : ils font parade de leurs blessures qu’ils élargissent souvent après coup. Ils combattent à pied d’ordinaire ; mais ils ont aussi quelques escadrons à cheval, où chaque guerrier libre a deux valets également montés qui le suivent ; enfin, comme chez les Libyens et les Hellènes des temps primitifs, on voit aussi chez eux de bonne heure des chars armés. Leurs expéditions rappellent fréquemment celles de la chevalerie du moyen âge ; ils pratiquent le combat singulier que ne connaissent ni les Grecs ni les Romains. Ce n’est point seulement en temps de guerre qu’ils provoquent l’ennemi, en l’insultant du geste et de la parole ; en temps de paix aussi, ils revêtent leur éclatante armure et se livrent des combats à mort. Il n’est point rare que la lutte se termine par un copieux banquet. Telle était leur vie, vie de soldat, tumultueuse et vagabonde sous leurs propres étendards ou sous ceux de l’étranger : allant de l’Irlande ou de l’Espagne jusque dans l’Asie Mineure, et y promenant la guerre et les héroïques exploits : mais rien ne sort de tant d’entreprises : leurs effets disparaissent comme la neige du printemps : en nul lieu de la terre ils ne fondent d’État, de civilisation qui leur soit propre.

Migrations celtiques.Tel est le portrait que nous ont légué les anciens ; quant aux origines gauloises, nous en sommes réduits aux conjectures. Issus de la souche commune des rameaux hellénique, italique et germain[1] les Celtes vinrent en Eu-

  1. Des philologues experts ont récemment soutenu que les Celtes et les Italiques sont plus rapprochés entre eux que les Italiques et les Hellènes. En d’autres termes, à les entendre, le rameau, projeté par le grand arbre indo-germanique dont sont sortis toutes les races de l’Europe méridionale et occidentale, se serait divisé d’abord en Hellènes et en Italo-Celtes, puis, ensuite, aurait formé, en se séparant encore, les Italiques et les Celtes. Cette opinion semble géographiquement admissible, et les faits historiques n’y contredisent peut-être pas : la civilisation dite gréco-italique aurait été, dans ce cas, une civilisation gréco-celto-italique. Mais comment affirmer ce fait ? Nous ne possédons aucune