Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 2.djvu/112

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
108
LIVRE II, CHAP. IV

sans doute, près des bouches du Pô, par l’ami et l’historiographe du tyran, alors qu’il vivait exilé à Hatria (386 av. J.-C.368 et années suivantes) ; témoin, le nom nouveau donné à la mer italienne orientale, jadis appelée le golfe Ionique (I, p. 176), et désormais connue, sous la désignation de mer Adriatique[1].

Mais non contents de ces attaques dirigées contre les possessions des Étrusques dans la mer orientale, et les relations qu’ils y avaient nouées, Denys alla les chercher au cœur même de leur territoire : il prit d’assaut et pilla Pyrgi, le port de Caeré (385 av. J.-C.369). Pyrgi ne s’est jamais relevée de ce désastre. Après la mort du tyran, Syracuse, en proie à des guerres intestines, laissa le champ libre aux Carthaginois. Leur flotte reparut dans la mer Tyrrhénienne, et y reprit une supériorité constamment maintenue, sauf pendant quelques courtes interruptions. La domination carthaginoise pesa d’ailleurs aussi lourdement sur les Étrusques que sur les Grecs, à ce point qu’en 310 av. J.-C.444 Agathocle de Syracuse ayant pris les armes contre Carthage, dix-huit galères Toscanes vinrent à son secours. Les Étrusques avaient à craindre l’invasion de la Corse, qui leur appartenait encore. Ils rompirent l’antique Symmachie Tusco-phénicienne, encore debout au temps d’Aristote (384-322 av. J.-C.370-432), mais sans en tirer profit pour eux-mêmes. Jamais ils n’ont depuis reconquis leur puissance sur les mers.

Lutte des Romains contre les Étrusques de Véies.On ne s’expliquerait pas la rapide décadence de leur empire nautique, si, à l’heure même où les Grecs de Sicile les combattaient avec leurs flottes, ils n’avaient eu aussi à lutter sur terre contre des ennemis non moins pressants. À une date contemporaine des journées de

  1. 497 ; 484-409 av. J.-C.Hécatée († après 257) et Hérodote (270 ; † après 345) ne donnent ce nom qu’au delta du Pô, et à la mer voisine (0. Müller, Etrusker, I, p. 140 : Geograghi Græci minor., ed. C. Müller, I, p. 23). C’est dans Seylax que pour la première fois nous le rencontrons appliqué à tout le golfe (vers 336 av. J.-C.418).