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LIVRE II, CHAP. IV

là, les Cyméens, se joignant à Hiéron, détruisaient les escadres Tyrrhéniennes à la hauteur de leur ville (474 av. J.-C.280). Les Carthaginois avaient tenté, mais en vain, de leur apporter du secours. Pindare, à son tour, a chanté cette victoire dans sa première Pythienne ; et l’on possède un casque étrusque, envoyé par Hiéron à Olympie, avec l’inscription qui suit : « Hiaron, fils de Dinomène, et les Syracusains, à Jupiter : dépouille Tyrrhénienne de Cymè[1] ». Empire maritime Tarentino-Syracusain.De tels succès, remportés sur Carthage et les Étrusques, avaient placé Syracuse à la tête des villes Gréco-Siciliennes. Au même temps, alors que Rome venait de chasser ses rois (511 av. J.-C.243), tombait l’achéenne Sybaris, parmi les villes Gréco-Italiennes ; et la dorienne Tarente montait au premier rang, que nul ne lui disputa. Plus tard, les Tarentins sont à leur tour écrasés par les Japyges, dans une sanglante bataille (474 av. J.-C.280) ; mais cet échec, le plus terrible qu’eussent jamais subi les Hellènes, provoque chez eux, comme l’invasion des Perses dans la Grèce propre, un puissant effort de l’esprit public, et met en relief toutes les énergies de leurs institutions démocratiques. Désormais, les Carthaginois et les Étrusques n’auront, plus la suprématie dans les eaux italiennes : les Tarentins, dans les mers Adriatique et Ionienne, les Massaliotes et les Syracusains, dans les mers Tyrrhéniennes, ces derniers surtout, serrent de près, tous les jours, les pirates sortis des ports de la Toscane. Déjà, après sa victoire de Cymè, Hiéron avait occupé l’île d’Ænaria [Ischia], et coupé par là les communications entre les Étrusques septentrionaux et ceux de Campanie. Vers l’an 452 av. J.-C.302, Syracuse, voulant achever la destruction des corsaires, met en mer sa flotte, s’empare de l’île de Corse, ravage les côtes Étruriennes, et s’établit dans l’île d’Æthalie [Elbe]. Si elle ne vient pas tout à

  1. Ἱάρον ὁ Δεινομένεος καὶ τοὶ Συρακόσιοι τοῖ Δὶ Τύραν’ ἀνὸ Κύμας.