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CHANGEMENTS DANS LA CONSTITUTION

dans une ville déjà grande relativement et étendant au loin sa suprématie, la puissance royale, fixée depuis plusieurs générations dans la même famille, ait été assez forte pour soutenir une longue lutte : il n’en était point là comme au sein des plus petites cités. Mais que des cités étrangères se soient immiscées dans la querelle, c’est ce que rien n’atteste sûrement. Les annales romaines placent une grande guerre avec l’Étrurie au lendemain de l’expulsion des Tarquins : ici encore, la confusion chronologique est évidente. Cette guerre n’a point été un acte d’intervention en faveur d’un compatriote lésé par les Romains : autrement les Étrusques, après la victoire complète qu’ils ont certainement remportée, n’auraient point manqué d’imposer une restauration de la royauté et le retour des Tarquins. Or, ils n’en ont rien fait.

Les faits historiques nous échappent donc ; mais, du moins, nous savons Pouvoirs consulaires.d’une façon exacte en quoi a consisté la Révolution et le changement des institutions. L’autorité royale n’a pas été supprimée, à vrai dire : car, durant la vacance des charges, un interroi est nommé comme par le passé ; seulement, à la place du roi à vie, deux rois annuels sont institués, qui s’appellent généraux d’armée (prœtores, prœ-itor), ou juges (judices), ou tout simplement collègues (consules[1], consuls). Cette

    Brutus en sa qualité de l’un des chefs de le cavalerie (tribunus celerum), aurait pris le vote du peuple sur l’expulsion des Tarquins : or, cela est impossible : dans l’ancienne constitution de Rome, un simple tribun n’avait pas le droit de convoquer les curies : l’alter ego du roi [le prœfectus urbi, en son absence] (I. p. 106) ne l’aurait pas eu lui-même. Il est clair qu’on a voulu placer la fondation de la République sur un terrain légal ; et que par une bévue singulière on a confondu le Tribun des Célères, avec le Maître de la cavalerie (magister equitum), qui eut plus tard une toute autre importance. (I. p. 102, et à la note). À raison de son rang prétorien, celui-ci eut en effet qualité pour convoquer les centuries : de là, par une confusion nouvelle, la convocation des curies attribuée aussi à Brutus.

  1. Consules, mot a mot ; ceux qui sautent ou dansent ensemble. Étymologie qu’on retrouve dans prœsul, celui qui saute devant ; exul (δ έχπε-