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LIVRE II, CHAP. III

dans les élections, les candidats, que le gouvernement agrée.

Son influence dans le gouvernement.Dans l’exécutif, la paix, la guerre et les alliances, les colonies à fonder, les assignations de terres, les travaux publics, toutes les affaires d’une importance grande ou durable, tout le système des finances enfin, relèvent du sénat. C’est lui qui, chaque année, préside à la distribution des départements respectifs entre les magistrats, qui détermine en général le nombre de troupes, et le budget alloué à chacun d’eux ; c’est à lui que tous réfèrent quand les circonstances le commandent : à l’exception des consuls, les directeurs des caisses du Trésor ne peuvent remettre ni à un fonctionnaire, ni à un citoyen quelconque, aucune somme que le sénatus-consulte n’aurait pas comprise dans ses prévisions. Toutefois, le sénat ne s’immisçait pas dans les affaires courantes et l’administration spéciale de la justice ou de la guerre. Il y avait trop de tact et de sens politique chez l’aristocratie romaine, pour qu’elle changeât en machines passives les organes, du pouvoir exécutif, ou pour qu’elle mît en tutelle les agents préposés aux divers services de l’État. Respectant, en apparence, toutes les formes anciennes, le gouvernement inauguré par le sénat fut toute une révolution : le libre courant des volontés populaires venait s’arrêter devant une digue puissante : les hauts dignitaires n’étaient plus rien que des présidents d’assemblée ; que des commissaires exécutifs. Un corps délibérant avait su, en se transformant, hériter de tous les pouvoirs constitués ; et, se faisant à la fois révolutionnaire et usurpateur, accaparait, sous les plus modestes dehors, l’exécutif tout entier. La révolution, l’usurpation, quand leur auteur est seul à posséder la science du gouvernement, trouvent, dit-on, leur justification devant le tribunal de l’histoire ; s’il en est ainsi, la sévérité de son jugement ne devait-elle pas s’adoucir en