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L'ÉGALITÉ CIVILE

révision quinquennale des listes civiques. Mais le sénat échappe complètement à l’action de la magistrature suprême, quand la rédaction des listes, ayant été enlevée aux consuls, celle-ci est confiée à des fonctionnaires secondaires, aux censeurs. Vient ensuite la loi Ovinia, qui se place vers le milieu de la période actuelle, et probablement peu de temps après les lois Liciniennes. Cette loi restreint encore les pouvoirs arbitraires des fonctionnaires relatifs aux promotions dans l’ordre des sénateurs[1] ; elle ouvre le sénat à tout citoyen ayant exercé les charges d’édile curule, de préteur ou de consul. Celui-ci y a, tout d’abord et de plein droit, son siège et son vote : le censeur, entrant en charge, est tenu de s’inscrire officiellement sur les listes, à moins qu’il ne prononce son exclusion, fondée sur les motifs qui entraîneraient aussi celle d’un sénateur ancien. Les magistrats sortis de charge n’étaient point assez nombreux, tant s’en faut, pour maintenir les trois cents sénateurs au complet : d’une autre part, il n’était pas possible de les laisser tomber à un chiffre inférieur, la liste sénatoriale étant aussi celle des jurés. Il resta donc, en définitive, un large champ à l’élection pour les censeurs ; mais les sénateurs ainsi nommés, et qui n’avaient point passé par les charges curules, ceux qui n’avaient exercé que les fonctions inférieures, s’étaient distingués par leur valeur, avaient tué un chef ennemi, ou avaient sauvé un citoyen, les sénateurs subalternes ou pédaires (senatores pedarii), comme on les appelait, votaient simplement, sans prendre part à la discussion. Ainsi, à partir de la loi Ovinia, la portion la plus importante du sénat, le noyau où venaient se concentrer le gouvernement et l’administration, avait cessé d’être dans la main de la haute magistrature ; il relevait indirectement du

  1. [Ordo senatorius.]