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LIVRE I, CHAPITRE IV

On a vu que la cité romaine se divisait en trois tribus, dès une époque fort reculée. Les établissements et les enceintes actuels avaient-ils quelque rapport avec cette division ? Rien n’autorise à le croire. Que les Ramniens, les Titiens et les Lucères, puisqu’ils ont été indépendants les uns des autres, se soient aussi fixés chacun à part, nous le croyons ; mais ils n’ont point eu leurs forteresses séparées sur les sept collines ; et tout ce qui a été imaginé à cet égard dans les anciens temps, ou chez les modernes, paraît, aux yeux de la critique prudente, devoir être rejeté bien loin, avec la fable du combat sur le Palatin, et l’agréable roman de la trahison de Tarpéia. Peut-être que déjà chacun des deux quartiers de la ville primitive, la Subura et le Palatin, et même aussi les faubourgs, se subdivisaient en trois districts affectés aux Ramniens, aux Titiens et aux Lucères. Du moins, on pourrait le conjecturer quand on voit, dans l’un et l’autre de ces deux quartiers, et dans tous ceux ajoutés plus tard à la ville ancienne, s’élever en triple couple les chapelles des Argées[1]. La ville Palatine aux sept collines a peut-être eu son histoire. Pour nous, il n’en reste rien que la tradition de son existence à une date reculée. Mais, de même que les feuilles des bois sont un message envoyé au printemps futur, alors qu’elles tombent sans attirer le regard des hommes, de même la ville oubliée du Septimontium a préparé la place à la Rome de l’histoire.

Les Romains des collines sur le Quirinal.La Rome palatine n’a point seule, été enfermée dans les murs de Servius : tout près et en face d’elle, il existait une autre cité sur le Quirinal. L’ancienne citadelle (Capitolium vetus), avec ses sanctuaires dédiés à

  1. [On sait assez mal ce qu’étaient les Argées et leurs chapelles, et leur culte attribué à Numa. Ils étaient probablement des génies protecteurs des Quartiers. La légende en fait des compagnons d’Hercule, venus avec lui d’Argos à Rome. (Varro. I, I, V, 45.— V. Preller. p. 514,515.)]