Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 1.djvu/85

Cette page a été validée par deux contributeurs.
65
LES COMMENCEMENTS DE ROME

pour le Latium, la route naturelle du commerce : son embouchure, sur une côte sans découpures, y offrait au navigateur un unique et nécessaire ancrage. Le Tibre aussi constitua, de tout temps, pour les Latins, une utile défense contre l’invasion des peuples établis au Nord. Il y fallait bien un entrepôt pour la traite fluviale et maritime, et une citadelle pour assurer aux Latins la possession de leur frontière du côté de la mer. Or, quel lieu était plus propre à cette destination que l’emplacement de Rome, réunissant à la fois les avantages d’une forte position et du voisinage du fleuve ; de Rome, qui commandait les deux rives jusqu’à l’embouchure : qui offrait une escale facile aux bateliers descendus par le Tibre supérieur ou l’Anio, et un refuge, plus sûr que les autres refuges de la côte, aux petits navires d’alors fuyant devant les pirates de la haute mer ? Rome doit donc sa précoce importance, sinon sa fondation même, à des circonstances toutes commerciales et stratégiques. Citons-en d’autres preuves, bien plus concluantes que les contes faits à plaisir et jadis acceptés par l’histoire. Notons d’abord les anciennes et étroites relations avec Cœré, qui jouait, en Étrurie, le rôle de Rome dans le Latium ; relations créées par le voisinage et l’amitié commerciale. Notons l’attention singulière prêtée au pont du Tibre, à sa construction et à son entretien, regardés comme l’un des objets intéressant la république[1] : notons la galère placée dans les armes de la ville ; les droits de douanes prélevés dès cette époque sur toutes les importations ou exportations d’Ostie destinées à la vente (promercale) ; celles réservées à la consommation personnelle du maître de la cargaison, en demeurant affranchies (usuarium). De même encore,

  1. [Les ingénieurs du pont exercent un sacerdoce : d’où pontifex, pontife. V. infra, ch. XII.]