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ÉTABLISSEMENTS LATINS

on ne les sait guère que par conjecture. — De toute ancienneté, outre les solennités religieuses qui appelaient la foule sur le mont Albain, il y eut encore des assemblées fréquentes en un lieu voisin assigné aux délibérations d’intérêt public. Nous voulons parler des conseils tenus par les représentants des diverses cités, près de la source Ferentina[1] (non loin de Marino). On ne peut, en effet, se représenter une confédération quelconque sans une tête, sans un pouvoir dirigeant et tenant la main au maintien d’un certain ordre dans tout le territoire fédéré. La tradition, d’accord avec la vraisemblance, nous apprend que les infractions au droit fédéral étaient poursuivies devant une juridiction régulièrement constituée, et ayant même le droit de prononcer la sentence capitale. La jouissance d’une loi commune, la communauté des mariages entre les cités latines sont évidemment des institutions du code fédéral. Tout citoyen latin, en épousant une femme latine, donnait naissance à des enfants légitimes : il pouvait acquérir des terres dans toute l’étendue du Latium, et y vaquer librement à ses affaires. Si les cités avaient quelques différends entre elles, le pouvoir fédéral les tranchait sans doute par sa sentence, ou par voie d’arbitrage. Mais ses attributions allaient-elles jusqu’à restreindre, au détriment des cités, leur souveraineté individuelle, leur droit de paix et de guerre ? c’est ce que rien ne démontre. On n’en peut douter, d’ailleurs ; par le fait de la confédération, une guerre locale pouvait devenir fédérale, qu’elle fût offensive ou défensive ; et en pareil cas, les troupes unies obéissaient à un général commun. Mais on n’en peut pas conclure que toutes les

  1. [Nom spécial de la Vénus latine. Elle avait son bois sacré et sa source sainte. — Lucus Ferentinæ (Tit. Liv. I, 50, 52). — Caput Ferentinum (Tit. Liv. II, 28). On la retrouve chez les Osques et les Herniques, sous le nom dérivé du sanscrit d’Herentatis. — Preller, V. Vénus, p. 383]