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ÉTABLISSEMENTS LATINS

rompre un instant les guerres presque quotidiennes. La frontière latine a été posée sur les bords du Tibre dès les temps les plus anciens, sans que l’histoire ou la tradition aient jamais pu indiquer une date précise à ce fait important. Quand notre récit commence, les terres basses et marécageuses au sud du mont Albain appartiennent à des peuplades ombro-sabelliques, aux Rutules et aux Volsques : déjà Ardée et Vélitres ne sont plus purement latines. Le Latium propre ne s’étend donc pas au delà de la région étroite qu’enveloppent le Tibre, les contreforts de l’Apennin, le mont Albain et la mer. Vue du sommet du monte Caro, « la large plaine » (Latium[1]) n’a guère en étendue que trente-quatre milles allemands carrés[2] : c’est un peu moins que le canton de Zurich actuel. Le pays n’est point absolument plat : sauf le long des côtes sablonneuses, et que les crues du Tibre inondent parfois, il est entrecoupé de ravins profonds, et de collines enlacées, peu élevées d’ordinaire, mais souvent fort abruptes. Cette constitution du sol a pour effet la formation de vastes flaques d’eau durant l’hiver, s’évaporant pendant l’été, et chargeant alors l’atmosphère des miasmes fiévreux qui se dégagent des matières organiques tenues en décomposition. Aussi, de tout temps, autrefois, comme de nos jours, l’été a-t-il été fort malsain autour de Rome. C’est bien à tort qu’on a attribué l’insalubrité du sol à la décadence de l’agriculture, soit dans le dernier siècle de la République, soit sous le gouvernement actuel : elle tient surtout à une cause persistante, le défaut de pente, et la stagnation des eaux. Sans doute la culture intensive peut contribuer jusqu’à un certain point à chasser le mauvais

  1. Latium, avec l’a bref, peut, sans doute, dériver de la même racine que πλατύς, latus (côté) ; mais il se rapproche aussi de latus, large (avec l’a long).
  2. [Ou 272 kilom. carrés environ.]