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LIVRE I, CHAPITRE III

Volsques, laquelle aurait été dédaignée alors que les plaines du Latium et de la Campanie s’ouvraient encore à l’immigration. Elle fut ensuite occupée, les inscriptions volsques le démontrent, par une petite nation plutôt sabellique que latine. En Campanie, au contraire, habitaient aussi des Latins, antérieurement aux invasions grecques et samnites. Certains noms italiques qu’on y rencontre, Novla ou Nola (ville neuve), Campani, Capua, Volturnus (de volvere, rouler, comme Juturna de juvare), Opsci (travailleurs), etc., sont antérieurs aux incursions samnites, et attestent qu’à l’époque de la fondation de Cymé (Cumes), le pays appartenait à un peuple de race vraisemblablement latine, les Ausones. Et quant aux habitants anciens de la contrée qui, plus tard, fut la demeure des Lucaniens et des Brutiens, ils portaient l’appellation même d’Italiens (Itali, « peuple de la terre des bœufs ») : aussi, pour beaucoup de bons juges, convient-il de les rattacher aux Italiotes, bien plutôt qu’aux Japyges : peut-être même, rien ne démontrant le contraire, faut-il encore les compter parmi les Latins. Toute trace, d’ailleurs, de leur antique nationalité, s’était évanouie bien avant les premiers progrès de l’organisation politique de l’Italie. L’hellénisme déjà les avait absorbés ; et, plus tard encore, l’essaim des peuplades samnites était venu s’abattre sur toute la contrée. Les antiques traditions de Rome l’apparentaient aussi avec la nation également éteinte des Sicules. Un vieil historien de l’Italie, Antiochus de Syracuse[1], raconte qu’au temps où le roi Morgès régnait sur les Itales (dans la péninsule brutienne), un transfuge romain, nommé Sikelos, vint dans ces pays. Une telle fable repose évidemment sur la notion,

  1. [Contemporain de la guerre du Péloponèse, historien de la Sicile et de l’Italie. — Il attribuait la fondation de Rome à Romus, fils de Jupiter, antérieur à la guerre de Troie. (V. Müller : Fragmenta Hist. græc., p. 45.)]