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PREMIÈRES IMMIGRATIONS

cier qui s’en prend au corps même du débiteur en cas de non payement de la dette, est en vigueur à la fois chez les Italiques et chez les Tarentins d’Héraclée. S’il en faut croire les détails fournis par Aristote sur l’ancienne constitution de la cité, le sénat, l’assemblée du peuple, maîtresse de rejeter ou d’accepter les propositions émanées du sénat et du roi, toutes ces institutions, si exclusivement romaines, se rencontrent aussi chez les Crétois, puissantes et vivaces autant que nulle part. Chez les Latins et les Grecs on distingue à un degré égal la tendance à former de grandes fédérations d’États ; ils affichent entre eux la fraternité politique et s’efforcent de fondre en un même corps les races voisines jusque-là indépendantes (symmachies, synœcisme, συνοιϰισμός), tendances communes d’autant plus remarquables qu’elles ne se révèlent pas chez les autres peuples indo-germaniques ! C’est ainsi, par exemple, que la commune germanique ne ressemble en rien à la cité gréco-italique avec son roi électif au sommet. Mais pour reposer sur les mêmes bases, les institutions politiques n’en différaient pas moins beaucoup chez les Grecs et les Italiens : avec les progrès et les perfectionnements dus au temps, elles revêtirent même en chaque pays un caractère tranché et exclusif, que nous aurons lieu de constater plus amplement.[1]

Religion.Dans les choses de la religion, il en a été de même. Les croyances populaires de l’Italie et de la Grèce reposent sur un fond commun de notions puisées dans l’ordre physique, et transformées en allégories et en

  1. Mais n’oublions pas que l’identité des conditions premières conduit toujours à des conséquences identiques. Le plébéien de Rome est vraiment le fils des institutions politiques de la cité romaine ; et pourtant, il rencontre aussi son pareil dans toute cité qui admet une classe de domiciliés non citoyens, à côté des citoyens proprement dits. Concédons pourtant son influence au hasard. Il ne se fait pas faute d’intervenir dans les faits, avec ses caprices et ses contradictions ; nous nous empressons de le reconnaître.