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PREMIÈRES IMMIGRATIONS

celle des rameaux asiatiques de la même souche indo-germaine, renferme des mots communs aux Romains, aux Hellènes, aux Celtes, aux Germains, aux Slaves et aux Lettes[1].

Faire dans les mœurs et dans la langue le partage de ce qui a appartenu à tous ces peuples, ou de ce qui a été la conquête propre à chacun d’eux, constitue la plus épineuse des tâches : la science n’a pu descendre encore tous les échelons, et suivre tous les filons de la mine : la critique philologique, commence à peine ; et l’historien trouve plus souvent commode d’emprunter le tableau des anciens temps aux muettes pierres de la légende, au lieu d’aller fouiller les couches fécondes des idiomes primitifs. Contentons-nous, en ce moment, de bien marquer la différence des caractères de l’époque gréco-italique d’avec ceux de l’époque antérieure, alors que la famille indo-germaine réunissait encore tous ses membres. Constatons dans une vue d’ensemble l’existence des rudiments d’une civilisation à laquelle les Indo-Asiatiques sont demeurés étrangers : lot commun au contraire de tous les peuples de l’Europe, et que chacun de leurs groupes, les Helléno-Italiques, les Slavo-Germains ont agrandi

  1. Aro, aratrum, se retrouvent dans aran, ou eren selon quelques dialectes (labourer), et dans erida, de l’idiome germanique primitif ; dans les mots slaves orati, oradlo, dans ceux lithuaniens arti, arimnas, dans ceux celtiques ar, aradar. — À côté de ligo, cf. rechen ; à côté de hortus, cf. garten en allem. — Mola, en latin, se dit mühle en allem., mlyn en slavon, manulas en lithuanien, malin en celtique. — Quoi qu’il en soit, nous ne pouvons admettre qu’il ait été un temps où les Hellènes, dans toutes les contrées de la Grèce, aient uniquement vécu de la vie pastorale. La richesse en bétail, en Grèce et en Italie, bien plus que la propriété foncière, a sans doute été le point de départ, et l’intermédiaire de la richesse privée ; mais il n’en faut pas conclure que l’agriculture ne soit née que plus tard. Il est vrai seulement qu’elle a commencé par la communauté des terres. Ajoutons qu’avant la séparation des races, il n’y a pas eu d’agriculture proprement dite ; l’élève du bétail y entra toujours pour une proportion variable suivant les localités, mais, en tous cas, bien plus grande que dans les temps postérieurs.