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LIVRE I, CHAPITRE II

posent tous leurs secrets : archive vivante où l’avenir ira encore chercher la science, quand la tradition directe des temps passés se sera évanouie.

Civilisation indo-germanique.Les peuples indo-germaniques ne formaient qu’un seul corps et parlaient encore la même langue, alors que déjà ils avaient conquis une certaine civilisation ; et leur vocabulaire, dont la richesse était en rapport avec leurs progrès, formait un trésor commun ou chacun d’eux puisait selon des lois précises et constantes. Nous n’y trouvons pas seulement l’expression des idées simples, de l’être, de l’action, la perception des rapports (sum, do, pater) ; c’est-à-dire l’écho des premières impressions que le monde extérieur apporte à la pensée de l’homme ; nous y rencontrons aussi un grand nombre d’autres mots impliquant une certaine culture, tant par les radicaux eux-mêmes que par les formes que, l’usage leur a déjà données. Ces mots appartiennent à toute la race, et sont antérieurs soit à des emprunts faits au dehors, soit aux effets du développement simultané des idiomes secondaires. C’est ainsi qu’à cette époque si reculée, les progrès de la vie pastorale chez les peuples nous sont attestés par des dénominations invariables ; servant à désigner les animaux devenus domestiques : le gâus du sanskrit est le boûs des Grecs, le bos des Latins. On dit en sanskrit ovis, avis en latin, ὄις en grec ; et dans le même ordre, nous avons encore les mots comparés, açvas, equus et ἵππος ; hânsas, anser, χήν ; âtis, anas, νῆσσα. De même encore les mots latins pecus, sus, porcus, taurus, canis sont du pur sanskrit. Ainsi donc, déjà la race à laquelle est due la fortune morale de l’humanité depuis les temps d’Homère jusqu’à l’ère actuelle, avait franchi le premier âge de la vie civilisée, l’époque de la chasse et de la pêche : elle cessait d’être nomade et entrait dans les habitudes sédentaires d’une culture meilleure. Pourtant il ne serait point sûr d’affirmer que l’agriculture ait été