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L’ART

sier de blocs polyèdres inégaux et engagés les uns dans les autres. Il semble que le choix de l’appareil ait été surtout commandé par la nature des matériaux : et comme les Romains ne construisaient qu’en tuf dans ces anciens temps, ils ne pouvaient guère alors pratiquer le système polygonal régulier. Les analogies, quant aux deux premiers et plus simples modes, peuvent donc très bien tenir à l’espèce de la pierre et à l’objet même de la construction ; mais on n’en saurait plus dire autant quand l’on rencontre des murs construits d’une façon plus savante dans le mode polygonal pur. Le hasard n’a certainement pas donné, en Italie et en Grèce à la fois, le plan de ces portes avec leurs chaussées toujours inclinées à gauche et obligeant ainsi l’agresseur à laisser son flanc droit exposé aux coups des combattants qui défendent la ville. Des vestiges remarquables attestent que cette fortification n’a été pratiquée que dans les seules régions de l’Italie, où les Grecs, sans pouvoir imposer leur domination, avaient cependant introduit leur commerce. On ne trouve en Étrurie le mur polygonal régulier qu’à Pyrgi[1], et que dans les villes peu éloignées de Cosa[2] et de Saturnia[3]. Le nom de Pyrgi veut dire tours, (πύργος) en grec, et fournit une raison de plus de rattacher la construction de ses murs à l’architecture hellénique, tout aussi bien qu’on y rattache celle des fortifications de Tyrinthe : nous y retrouvons de nos jours encore, le type d’après lequel les Italiens des anciens temps ont dû bâtir les murailles de leurs villes.

Le temple, appelé toscan sous les empereurs, n’était autre, aux yeux même des Romains, qu’une construc-

  1. [Le port de Cœré, auj. S. Severo, près de Civita-Vecchia.]
  2. [Auj. Ansedonia, sur la côte.]
  3. [Au nord de Manciano, sur l’Albegna.]