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LIVRE I, CHAP. XIV

des motifs, des caractères à mettre en scène, des récits de batailles et de révolutions ; et qui, fermant les yeux à la lumière, ne virent pas ou ne voulurent pas voir ce que les monuments ne manquent jamais de révéler à tout investigateur impartial et sérieux.

Résultats acquis.En résumé, l’histoire de l’écriture en Italie confirme le fait de la prédominance de l’influence grecque chez les peuples de l’Ouest, tandis qu’au contraire elle ne s’exerça ni puissamment, ni directement chez les peuples sabelliques. Ceux-ci reçurent leur alphabet des Étrusques et non des Romains ; ils le reçurent, tout l’indique, avant d’avoir franchi les crêtes de l’Apennin. Sabins et Samnites, en quittant leur patrie première, l’emportèrent avec eux. D’un autre côté, cette même histoire conduit à une conclusion qui renverse aussitôt toutes les opinions fausses, tant préconisées plus tard dans Rome même, qui voyaient tout un monde dans le fatras mystique de l’antiquité étrusque, et qui, reprises et complaisamment célébrées par la critique moderne, veulent absolument placer en Étrurie, le germe et à la fois le noyau de la civilisation romaine. S’il en avait été ainsi, on en trouverait quelque part la trace, sans doute. Loin de là, le germe de l’écriture latine est grec, purement grec : de plus, elle est restée nationale et exclusive dans ses progrès, à ce point que jamais elle ne s’est appropriée la lettre f, à laquelle les Étrusques tenaient tant. Quand il y a emprunt, pour les signes de la numération, par exemple, l’emprunt est fait par les Étrusques, qui tout au moins ont demandé le chiffre 50 aux Romains. Enfin, chose bien remarquable, en même temps qu’il se propage et se développe parmi toutes les races italiques, l’alphabet grec va se corrompant. Dégénérescence de la langue et de l’écriture.Par exemple, les lettres médianes disparaissent dans les idiomes étrusques : chez les Ombriens, le γ, le d se perdent ; le d seul chez les Samnites, le γ chez les Romains, sont