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L’AGRICULTURE, L’INDUSTRIE ET LE COMMERCE

Nous ferons enfin allusion aux nombreux emprunts relatifs à la navigation : (toutefois la voile (velum) ; le mât (malus), et la vergue (antenna), sont purement latins[1]) ; aux dénominations non moins remarquables d’epistula (ἐπιστολή, lettre), de tessera (τέσσαρα, marque), de statera (στατήρ, balance), d’arrabo et d’arra (ἀρραϐών, arrhes) : et nous mentionnerons en sens inverse l’introduction de mots italiens de la langue du droit dans le grec siciliote (p. 214), et l’échange entre les deux idiomes des rapports et des noms en matière de monnaie, de poids et de mesures. Nous reviendrons plus tard sur ce dernier sujet. Tous ces emprunts ont un caractère semi-barbare, preuve décisive de leur haute antiquité. Le latin notamment fait son nominatif avec l’accusatif grec (placenta dérive de πλαϰοῦντα ; amphora d’ἀμφορέα ; statera de στατῆρα). Dans l’ordre religieux, nous voyons le culte du dieu du commerce (Mercurius) se surcharger dès le début de mythes helléniques, et sa fête annuelle se placer aux ides de mai, parce que la poésie grecque célèbre en lui le fils de la belle Maïa. Il n’en faut donc pas douter : l’Italie ancienne, aussi bien que la Rome impériale, ont tiré de l’Orient tous les objets de luxe, avant de s’être mis à les fabriquer en copiant les modèles importés et elles n’avaient rien à offrir en

  1. Velum est certainement d’origine latine ; il en est de même de malus, qui ne signifie pas seulement l’arbre du mât, mais l’arbre en général : antenna semble formé de la préposition ἀνά (comme dans anhelare, antestari), et de tendere, et équivaut à supertensa. En revanche sont grecs, gubernare (ϰυβερνᾶν, gouverner), ancora, (ἄγϰυρα, ancre), prora (πρῶρα, l’avant ou la proue), aplustre (ἄφλαστον, l’arrière), anguina (ἄγϰοινα, le cordage de la vergue), nausea (ναυσία, le mal de mer). Des quatre vents principaux, l’Aquilo, le vent de l’Aigle, la Tramontane ou vent du nord ; le Volturnus (origine incertaine, le vent du Vautour, sans doute) ou vent du sud-est ; l’Auster, le vent desséchant du sud-ouest, (le scirocco) ; le Favonius, le vent du nord-ouest, qui souffle de la mer Tyrrhénienne et favorise le marin, aucun n’a un nom indigène applicable à la navigation. Mais tous les autres vents latins s’appellent de noms grecs ; comme l’Eurus, le Notus ; ou de noms traduits du grec, comme le Solanus (ἀπηλιώτης), l’Africus (λίψ), etc.