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LIVRE I, CHAP. XII

dérables des experts sacrés, vient aussi se placer celui des vingt messagers d’État, ou féciaux (feciales, mot d’origine incertaine), archives vivantes, qui perpétuent par la tradition orale le souvenir des traités passés avec les cités voisines. Ils décident en forme d’avis sur les cas de violation de ces traités et sur les droits qui en découlent ; ils réclament les expiations dues, ou déclarent la guerre, quand elles sont refusées. Les féciaux ont été pour le droit des gens, ce qu’étaient les pontifes pour le droit sacré : pas plus qu’eux, ils ne prononcent la sentence ; mais, comme eux, ils montrent la loi. — Quelque haut placés qu’ils fussent, en effet, quelque puissantes et étendues qu’aient été leurs attributions, jamais on n’oublia, à Rome, que les membres des collèges sacrés n’avaient pas le droit de jussion, mais de simple avis seulement ; qu’ils n’avaient point à réclamer eux-mêmes la réponse des dieux, mais simplement à en fournir l’interprétation. Aussi le premier des prêtres marche-t-il après le roi ; et il ne le conseille que quand il en est requis. Au roi seul de décider si, et à quel moment, le vol des oiseaux sera consulté : l’augure est là qui l’assiste, et traduit, s’il y a lieu, le langage des envoyés célestes. Le pontife et le fécial n’interviennent non plus dans les choses du droit civil et du droit public, que quand les parties intéressées les en sollicitent. En dépit des suggestions de la piété, Rome a toujours maintenu inflexiblement cette maxime, que le prêtre doit demeurer sans puissance dans le gouvernement ; et que loin qu’il ait jamais d’ordres à donner, il doit, comme tout citoyen, obéissance au plus humble des officiers publics.

Caractère de cette religion.La jouissance satisfaite des biens terrestres, et en seconde ligne, la crainte des phénomènes de la nature quand celle-ci déchaîne sa puissance, voilà les caractères fondamentaux de la religion latine. Elle se meut de préférence au milieu des manifestations de la joie, dans