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INTRODUCTION

des accidents et des dates. C’est une toute autre époque de la civilisation qui s’ouvre, quoique elle se rattache maintes fois encore à la civilisation disparue ou sur son déclin des États méditerranéens, comme celle-ci s’était jadis reliée à l’antique culture indo-germanique. Cette civilisation nouvelle aura à son tour sa carrière propre et ses destinées ; elle fera passer les peuples par l’épreuve du bonheur et des souffrances : avec elle ils franchiront encore les âges de la croissance, de la maturité et de la vieillesse ; les travaux et les joies de l’enfantement dans la religion, dans la politique et dans l’art ; avec elle ils jouiront de leurs richesses acquises dans l’ordre matériel et dans l’ordre moral ; jusqu’à ce que viennent aussi, peut-être, au lendemain du but atteint, l’épuisement de la sève féconde, et les langueurs de la satiété ! N’importe, le but n’est lui-même qu’un temps d’arrêt rapide ; et si, quelque grand qu’il soit, le cercle parcouru se referme, l’humanité ne s’arrête pas pour cela : on la croit au bout de sa carrière, que déjà une idée plus haute, de nouveaux horizons la sollicitent, et son antique mission se rouvre devant elle.

L’Italie.Le sujet de ce livre est le dernier acte du grand drame de l’histoire générale ancienne. Nous voulons dire ici l’histoire de la péninsule située entre les deux autres prolongements du continent septentrional. L’Italie est formée par un rameau puissant détaché du contrefort des Alpes occidentales, et se dirigeant vers le sud. L’Apennin (tel est son nom) court d’abord au sud-est entre deux des bassins de la mer Intérieure, l’un plus large à l’ouest, l’autre plus étroit à l’orient, et il touche aux rives mêmes de ce dernier par le massif montagneux des Abruzzes, où il atteint son point culminant, et s’élève presque à la ligne des neiges éternelles. Après les Abruzzes, la chaîne s’avance au sud, toujours unique et toujours haute :