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DROIT ET JUSTICE

n’entraînent au plus que la privation de la liberté. À côté du commerce largement ouvert à tous, se placent les mesures d’exécution les plus rigoureuses. Ainsi de nos jours, dans les villes commerciales toutes facilités sont données aux échanges, alors que la procédure des protêts y est rapide et sévère. Le citoyen et l’homme d’une clientèle sont égaux sur le terrain des affaires : les traités assurent à l’hôte une égalité à peu près complète : les femmes, quant à leurs droits, se placent sur la même ligne que les hommes, sauf qu’elles ne peuvent librement être marchandes : l’adolescent, enfin, à peine en âge d’homme devient le maître absolu de sa fortune. Il suffit d’être juridiquement capable, pour être chez soi un souverain aussi absolu que l’État l’est lui-même dans les choses de la politique.

Le système du crédit appelle l’attention par des caractères non moins importants. S’il n’y a point de crédit foncier organisé à la place du gage hypothécaire, apparaît aussitôt l’acte conclusif de la procédure de saisie immobilière : la propriété est directement transférée du débiteur au créancier. D’autre part, le crédit fiduciaire ou personnel obtient les garanties les plus étendues, pour ne pas dire même les plus excessives. La loi traite l’insolvable comme s’il était un voleur ; elle accorde au créancier, et cela, le plus sérieusement du monde, ce que le juif Shylock, cruel et moqueur tout ensemble, exige de son ennemi mortel. Mieux que Shylock ne le fait, elle spécifie la clause reconventionnelle pour le cas où il aura été trop coupé de chair. Est-il possible d’expliquer plus clairement la volonté de constituer une agriculture libre et franche de dettes, et un crédit commercial rapide et facile ? En même temps, le législateur proscrit, avec une inflexible énergie, toute propriété qui ne serait qu’apparence ou mensonge, tout manquement à la parole donnée. Ajoutez à cela le droit de libre éta-