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LES HELLÈNES, L’EMPIRE DES MERS

se sont-elles ensuite évanouies, sans laisser de traces, sans gloire, et plus fugitives qu’en nulle autre contrée. Un peuple mêlé, parlant les deux langues, naquit plus tard des débris indigènes et achéens, et des récentes migrations des bandes sabelliques. Il ne prospéra pas davantage : mais la catastrophe qui l’attend n’appartient pas à la période actuelle [V. infra, liv. II, chap. V.]

Villes ionico-doriennes.Nous avons dit que les colonies fondées par les autres Grecs étaient toutes différentes, et que leur action fut grande au sein de l’Italie. Non qu’elles aient méprisé l’agriculture et la richesse foncière : les Hellènes n’avaient pas pour habitude, depuis qu’ils se sentaient forts surtout, de se contenter de simples comptoirs créés en terre barbare, à la mode phénicienne. Mais ces colonies n’en avaient pas moins été fondées pour le commerce, d’abord ; et, par cette raison, elles avaient été placées, chose à laquelle les Achéens ne songeaient jamais, sur les points de débarquement, sur les meilleurs havres de la côte. L’origine, le motif, l’époque de la fondation de chacune d’elles variaient nécessairement. Mais il s’était établi entre elles, et notamment en face de la ligue achéenne, une sorte de communauté d’usages, d’intérêts et de vues. Elles suivaient, par exemple, le nouvel alphabet des Grecs[1]. Le dialecte dorien fut généralement adopté partout, même dans les cités, qui comme Cymé[2], avaient originairement suivi le doux parler ionien. On conçoit, d’ailleurs, que toutes ces colonies aient très diversement influé sur la civilisation

  1. Nous entendons parler de celui qui remplaça les anciennes formes orientales de l’iôta Ι, du gamma Γ ou Γ et du lambda Λ, par les lettres nouvelles plus claires Ι Γ Λ ; et distingua du p, Π, avec lequel elle pouvait facilement se confondre, la lettre r, Ρ, à laquelle un trait recourbé fut ajouté, comme il suit : Ρ.
  2. Citons, pour exemple, l’inscription suivante, tirée d’un vase d’argile cuméen : Ταταίες έμί λέϙυθος ὸς δ’ἄν με ϰλέφσει θυφλὸς ἔστϰι.[« D’aujourd’hui, je suis vase à parfums : devienne aveugle qui me vole. »]