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LIVRE I, CHAP. IX

croire avec les traditions reçues à Rome, que Tarquin l’Ancien était le fils d’un Grec émigré de Corinthe à Tarquinies[1], et qu’il était venu lui-même se fixer à Rome : c’est embrouiller à la fois et l’histoire et la légende ; c’est briser et confondre la chaîne des événements. N’acceptons rien de plus de ce récit que le fait nu et insignifiant en lui-même, de l’introduction dans Rome d’une famille de descendance étrusque, et à laquelle un jour aurait été remis le sceptre des rois. La royauté donnée à un citoyen originaire de l’Étrurie n’implique nullement la conquête de Rome par les Étrusques, ou par une cité étrurienne, pas plus qu’elle ne donne à conclure que Rome était alors maîtresse de l’Étrurie méridionale. Il n’existe pas de raison suffisante pour accepter soit l’une, soit l’autre, des deux hypothèses. Les Tarquins ont leur histoire à Rome seulement ; et pendant le temps des rois, l’Étrurie n’a pas, que nous sachions, exercé une influence décisive sur la langue ou sur les mœurs romaines, ou arrêté dans leur cours également régulier, les progrès de l’État romain et de la ligue latine. Qu’on ne s’étonne pas de l’état passif de l’Étrurie en face de ses voisins : à cette même époque, les Étrusques avaient à combattre les Celtes sur le Pô, que ceux-ci paraissent n’avoir franchi qu’à une date postérieure à l’expulsion des rois. Puis, tous leurs intérêts s’étaient tournés du côté de la mer et des expéditions maritimes. Ils visaient à la domination des côtes, ainsi que le démontrent leurs établissements dans la Campanie, sur lesquels nous reviendrons plus tard (ch. X).

Constitutions étrusques.Comme chez les Grecs et les Latins, les institutions étrusques ont pour base l’association des diverses familles dans la cité. Mais la nation étrurienne s’étant adonnée à la navigation, au commerce et à l’industrie, de bien

  1. [Demarate, riche marchand de la famille des Bacchiades.]