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LES ÉTRUSQUES

tains dans le tableau des idiomes, loin qu’on ait pu même en interpréter les restes arrivés jusqu’à nous. L’étrusque a eu deux époques, voilà ce qui est sûr. Dans la première et la plus ancienne, les voyelles sont partout conservées ; l’hiatus est évité avec soin[1]. Plus tard, il rejette les voyelles et les consonnes finales ; affaiblit ou élide les voyelles dans le corps du mot, et de doux et sonore qu’il était, il se transforme en un parler d’une rudesse et d’une dureté excessives[2]. Ainsi ramuθaſ devient ramϑa ; Tarquinius, Tarchnas ; Minerva, Menrva ; Menelaos, Polydeukes, Alexandros sont changés en Menle, Pultuke, Elchſentre. Veut-on une autre preuve de la rudesse en même temps assourdie de la prononciation ? L’o et l’u, le b et le p, le c et le g, le d et le t, se confondent de très bonne heure dans cette langue. Comme chez les Latins, et dans les plus durs dialectes de la Grèce, l’accent y est ramené sur la syllabe initiale. Les consonnes aspirées sont également modifiées : tandis que les Italiques les rejettent toutes à l’exception de la labiale aspirée b, et aussi de l’f ; tandis que les Grecs, au contraire, les gardent toutes (θ, φ, χ), à l’exception de l’f, les Étrusques abandonnent la plus douce et la plus agréable à l’oreille, le φ (sauf à la maintenir dans quelques mots d’emprunt, seulement), et, quant aux trois autres (θ, χ, f) ils en font un emploi continuel, là même où elles n’ont rien à faire ; pour eux, Thetis devient Theθis ; Telephus, Θelaphe ; Odysseus, Utuze ou Uthuze. Le peu de mots ou de terminaisons dont le sens nous soit connu, n’a pas la moindre analogie avec les idiomes grecs ou italiques. La finale al indique la descendance, celle

  1. Citons, par exemple, l’inscription suivante qui se lit sur un vase d’argile trouvé à Cœré : miniceθumamimaθumaramlisiaiθipurenaieθ eeraisieepanamineθunastavhelefu ; ou celle-ci : miramuθaſkiauſinaia.
  2. Citons, pour faire saisir de suite la transformation opérée dans les sons, les premiers mots de la grande inscription de Pérouse : eulat tanna larezul amevaχr lautn velθinase stlaafunas steleθcaru.