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LIVRE I, CHAP. VIII

plus, se prêtèrent-elles à la formation de petites fédérations, sans lien étroit et suffisamment fort. Dans les Abruzzes surtout, les hautes montagnes qui séparaient les vallées séparaient complètement aussi les diverses peuplades, éloignées entre elles autant qu’elles l’étaient de l’étranger. Aussi nulles relations mutuelles. Vis-à-vis le reste de l’Italie, l’isolement est complet. En dépit de son incontestable bravoure, ce peuple exercera moins que tout autre une influence quelconque sur le mouvement historique de la Péninsule. Mais parmi les Ombriens de la région orientale, les Samnites sont les plus avancés dans la vie politique, de même que les Latins marchent au premier rang dans l’Ouest. De temps immémorial, peut-être même dès l’époque de leur immigration, ils vivent sous la loi d’une organisation politique égalitaire, et relativement puissante. Elle les fera assez forts pour disputer un jour la première place à Rome. Nous ne savons ni quand, ni comment, ni dans quelles formes s’est constituée la ligue samnite. Ce qui est sûr, c’est que dans le Samnium, aucune cité ne dominait sur les autres : c’est qu’il n’y avait point de ville centrale ou chef-lieu commun, ainsi que Rome l’était devenue pour les Latins. La puissance publique reposait directement dans les communautés rurales, puis dans l’assemblée générale de leurs délégués ; celle-ci, en cas de besoin, nommant les généraux de l’armée. La politique de la ligue fut d’ailleurs ce qu’on la suppose aisément, nullement agressive, et se contentant de pourvoir à la défense des frontières. Il n’appartient qu’à un État uni, centralisé, d’éprouver des pressions puissantes, et de poursuivre l’extension méthodique de son territoire. Aussi voit-on l’histoire des deux nations latine et samnite se refléter tout entière dans le système diamétralement opposé de leurs colonisations. Ce que les Romains gagnent à la guerre est gagné