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SUPRÉMATIE DE ROME DANS LE LATIUM

latin avait porté la citadelle : actuellement il est livré aux constructions privées, et l’on érige la forteresse nouvelle du Capitole (arx, capitolium)[1] sur la hauteur d’en face, la colline Tarpéienne, facile à défendre à raison de son isolement même et de sa minime étendue. Le capitole avait sa citerne d’eau vive soigneusement disposée (le Tullianum)[2] ; il renfermait le trésor (ærarium), la prison publique et l’ancien lieu d’assemblée des citoyens (ares capitolina), sur lequel se fit, durant longtemps encore, l’annonce régulière des phases de la lune. Il avait été défendu dans l’origine de construire là des édifices privés de quelque durée[3]. L’intervalle entre les deux sommets, le sanctuaire du Dieu mauvais (Vediovis) ou, comme il a été appelé plus tard sous l’influence des idées helléniques, l’asyle (asylum), était caché par un bois, et avait pour destination sans doute de recevoir les paysans et leur bétail, quand l’inondation ou la guerre les chassaient de la plaine. Ainsi, de fait et de nom, le Capitole était l’acropole romaine. Son château isolé pouvait tenir encore, même après la ville prise. Il avait sa porte tournée vers le point où fut plus tard placé le marché (forum boarium)[4]. L’Aven-

  1. Ces deux noms, attribués plus tard, le Capitolium, à la partie qui regarde le fleuve, l’Arx, à celle tournée vers le Quirinal, sont comme l’ἄχρα et χορυφή des Grecs, des appellations purement générales : chaque ville latine avait son capitole. Le vrai nom local de la colline de la citadelle est le mont Tarpéien (mons Tarpeius).
  2. [Vidée plus tard et transformée en oubliette : d’où l’expression in Tullianum dimittere (Sall. Cat. 55.) Cette prison existe encore : c’est le S. Pietro in carcere. — V. le dessin vo Tullianum, au Dict. des Antiquités romaines, de Rich. — V. aussi supra p.62.]
  3. La loi ne quis patricius in arce aut capitolio habitaret ne prohibait que les maisons de pierre, véritables forteresses elles-mêmes dans les premiers temps. Elle ne proscrivait pas les constructions usuelles légères et d’une démolition facile. (Becker, Cap., p. 386.)
  4. C’est par là en effet, que la rue sacrée gravissait la colline Capitoline ; et l’on retrouve la courbe qu’elle décrivait avant de joindre la porte dans le mouvement qu’elle fait à gauche, à côté de l’arc de Sévère. La porte elle-même a été recouverte par les vastes superstructions